AUTRE TEMPS, autres mœurs. Il y a un peu plus d’un an, les structures d’étudiants et d’internes en médecine participaient aux séances de négociation conventionnelle. Dans la foulée de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) adoptée en juillet 2009, les représentants des futurs médecins étaient autorisés à assister en tant qu’observateurs aux débats consacrés à la démographie médicale, sujet qui les concerne au premier chef. La donne et le ministre ont changé. La loi Bachelot, soutenue par les structures de jeunes, est détricotée par la proposition de loi Fourcade. Et les jeunes sont désormais jugés indésirables.
Stéphane Munck, président de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) et Pierre Leblanc, vice-président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) se sont invités, jeudi, à l’ouverture du nouveau cycle de négociations conventionnelles. D’abord surpris de leur présence, le directeur de l’assurance-maladie a pris la décision de les exclure de la séance. Il s’est engagé à recevoir les organisations de jeunes en bilatérale avant la prochaine séance de discussion programmée jeudi. « Les négociations se sont ouvertes avec les syndicats représentatifs tels que l’enquête de représentativité vient de le préciser », a indiqué Frédéric van Roekeghem, qui voulait éviter tout « risque d’invalidation ».
Le directeur de l’UNCAM a surtout tenu à éviter un clash dès l’ouverture des négociations. Le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, avait en effet fait connaître son irritation. « Les jeunes n’ont rien à faire autour de la table, on n’a pas de temps à perdre, a-t-il déclaré en préambule des débats. S’ils restent, nous, on s’en va. » Le SML a soutenu la demande de la CSMF. MG-France, Le BLOC et la FMF s’en sont désolidarisés. « C’est une erreur de stratégie majeure », soulignait le Dr Claude Leicher, président de MG-France, qui accueillait dans sa délégation le Dr Alexandre Husson, président du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG). Le Dr Philippe Cuq, coprésident du BLOC a déploré que l’on « parle de retraite mais pas des jeunes ». MG-France et le BLOC ont annoncé qu’ils étaient prêts à accueillir des représentants des jeunes médecins dans leurs propres délégations.
Les internes et les étudiants sont outrés de cet épisode. « Une nouvelle négociation se prépare qui va évoquer l’avenir de la démographie médicale et on refuse de nous laisser y participer, a-t-on des choses à nous cacher ? », se demande Stéphane Munck. L’ANEMF, l’ISNAR-IMG et REAGJIR demandent à pouvoir assister aux négociations conventionnelles dès la semaine prochaine et que « les discussions se poursuivent dans la transparence, afin d’avancer de façon pertinente et responsable sur cette question cruciale de l’accès aux soins ».
Michel Chassang justifie sa position. « Nous ne sommes pas un syndicat anti-jeunes, c’est un faux procès que l’on nous fait. Nous souhaitons juste l’application de la loi, précise le président de la Confédération. L’auberge espagnole de Roselyne Bachelot, c’est terminé ! » L’Union nationale des médecins spécialistes confédérés (UMESPE-CSMF) a annoncé qu’elle ne participerait à aucune réunion si, « d’une manière directe ou masquée, des médecins n’exerçant pas la médecine libérale tentaient de s’imposer, même en qualité d’observateurs ».
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