À quelques semaines des municipales, l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG), l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) et le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) publient un guide « clé en main » pour les élus locaux, afin de les aider à améliorer l'accès aux soins sur leur territoire. Un gros défi à l'heure ou les maires ne savent plus comment séduire les professionnels, tandis que le spectre de la coercition revient régulièrement sur le devant de la scène.
Par où commencer, et surtout quand ? Les structures jeunes estiment que l'opération séduction peut démarrer dès le lycée par des programmes de sensibilisation aux études de médecine dans les zones périphériques et rurales, en mal de praticiens. Plus tard, en fac, la découverte des stages en libéral apparaît comme un moyen phare de découvrir cet exercice encore trop méconnu. Pour ce faire, les élus doivent être partie prenante dans le recrutement des maîtres de stage des universités (MSU) à deux niveaux : « conditionner certains de leurs dispositifs de soutien à l’installation à un engagement du médecin de devenir à court terme maître de stage » afin d'accroître l'offre de stages en ambulatoire ; participer aux coûts de formation et aux frais de déplacement des futurs MSU.
Apéros terroirs et internats ruraux
Pour aimer un territoire au point de s'y installer, les jeunes doivent y faire des stages dans de bonnes conditions, insistent les trois structures représentatives. Et de mettre en lumière l'initiative bourguignonne « Vac chez le prat' », qui permet aux 2e et 3e années de passer trois jours avec un praticien libéral de toutes spécialités. Le plus : un logement gratuit. Autre avantage en nature à privilégier : l'hébergement territorial des étudiants en santé, lieu de vie intergénérationnel très plébiscité pour les terrains de stage situés à plus de 30 minutes de la faculté de rattachement. Efficacité garantie, insistent les jeunes, citant la villa des internes de Roanne (Loire) en exemple. Le syndicat local y gère la logistique (assurance, internet, promotion et accueil des internes), des documents touristiques sont à disposition et des « apéros terroirs » sont organisés avec les professionnels du cru. 75 internes en ont bénéficié depuis 2012. Dans la même veine, l'internat rural de Morlaix (Bretagne) fait aussi restauration.
Faciliter les déplacements est un autre gage d'attractivité, car la distance peut vite constituer un frein dans le choix des stages hors-CHU. Certaines villes à l'instar de Valenciennes ont instauré la gratuité des transports en commun pour les moins de 25 ans. Un exemple à suivre, jugent les jeunes.
L'accès à une aide financière en contrepartie d'une installation de plusieurs années peut faire la différence dans le choix d'un jeune entre deux terrains de stage. Contrat d'engagement de service public (CESP), bourses de stage (ou indemnité de logement et de déplacement) en médecine générale, bourses complémentaires maison… Les élus ont le choix ! Dernier exemple en date : en quête de généralistes, le Sud Territoire de Belfort offre depuis le début du mois une prime de 10 000 euros sous réserve d'une installation d'une durée minimum de cinq ans. Attention toutefois à ne pas tout miser sur les avantages connexes : selon une enquête ordinale de 2019, 48 % des internes pensent que les aides financières déterminent « peu ou partiellement » leur choix d'installation. En revanche, la proximité familiale et la présence de services publics comptent.
Cartographier les postes mixtes
Les jeunes le disent haut et fort : ils ne sont en rien hostiles à une vie dans des territoires dits isolés tant qu'on leur apporte des preuves de qualité et de diversité dans leur exercice professionnel. Le Graal pour eux : l’exercice mixte libéral/salarié. C'est pourquoi ils suggèrent aux collectivités de recenser les postes disponibles au sein des hôpitaux, centres de santé, PMI, EHPAD et de les rendre plus visibles. Enfin, les juniors estiment que les collectivités ont une carte évidente à jouer dans le soutien aux centres, maison de santé et communautés territoriales professionnelles de santé (CPTS). Un gage de bonne volonté en faveur d'une médecine pluridisciplinaire et regroupée qui leur convient tout à fait.
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