QUELQUE 7 000 ÉTUDIANTS passent chaque année les épreuves classantes nationales (ECN). Mises en place en 2004 pour succéder au concours de l’internat, les ECN comprennent neuf dossiers cliniques et une épreuve de lecture critique d’article (LCA) notés chacun sur 100 points. De nombreux étudiants se retrouvent classés ex-æquo. Plusieurs doyens de médecine réfléchissent avec le ministère de l’Enseignement supérieur aux moyens de rendre ces épreuves plus discriminantes. Une diversification des épreuves est à l’étude et plus particulièrement l’intégration de l’enseignement facultaire au sein du classement des ECN. « Il serait intéressant de mettre en place un classement qui prendrait par exemple en compte l’enseignement facultaire pour un tiers et les épreuves classantes nationales pour deux tiers, explique le Pr Jean-Michel Rogez, doyen de Nantes. Cela reconnaîtrait l’existence et la valeur des enseignements facultaires et permettrait aux étudiants de ne pas jouer leur carrière sur trois jours d’épreuves. » Le Pr Rogez souligne que cette hypothèse est aujourd’hui au stade « d’étude ». « Il s’agit d’une proposition. Il faut maintenant voir si les gens sont d’accord pour introduire cette reconnaissance et comment on peut le faire », poursuit Jean-Michel Rogez.
70 % des étudiants seraient contre.
Pour l’heure, les étudiants ne sont pas emballés par une évolution du classement des ECN. « Cela reviendrait ni plus ni moins à mettre en place un contrôle continu au cours de notre formation », commente Ingrid Bastide, présidente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Les modalités de ce contrôle continu, les années d’études pendant lesquelles il serait mis en place et la proportion qu’il tiendrait sur l’ensemble de la notation demeurent une énigme. La mise en place d’une telle réforme présente plusieurs avantages aux yeux des universitaires. Elle permettrait aux meilleurs étudiants d’avoir un filet de sécurité. En encourageant un travail régulier, elle limiterait le bachotage et favoriserait l’assiduité aux cours.
Malgré ces arguments, les étudiants sont réticents à la mise en place d’un contrôle continu au cours de leur cursus. L’ANEMF a mené une enquête nationale pour connaître l’avis des carabins sur la question. « Il en ressort qu’à 70 %, ils sont contre cette réforme, affirme Ingrid Bastide. Cela ne revalorisera pas les stages et surtout, les candidats ne seraient pas mis sur un pied d’égalité, certains ayant accès par exemple aux modules de cardiologie en DCEM2 quand d’autres les suivent en DCEM4. Pour nous, l’important est de renforcer l’enseignement clinique. » L’ANEMF redoute par ailleurs que les études de médecine ne se transforment en « concours permanent » et que l’esprit de compétition ne nuise à l’esprit confraternel des études médicales. Les étudiants restent très attachés à leurs épreuves, qui quoique difficiles, respectent le mieux à leurs yeux le principe de l’équité.
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