Alors que les futurs internes formulent leurs vœux sur la plateforme CELINE, des étudiants d'Auvergne ont alerté le « Quotidien » au sujet de la baisse du nombre de postes classiques ouverts en radiologie causée par... l'augmentation parallèle des postes offerts dans cette spécialité aux étudiants signataires du contrat d'engagement de service public (CESP).
Instauré en 2012, ce contrat vise à lutter contre la désertification médicale. Le dispositif prévoit une allocation de 1 200 euros brut par mois à partir de la 2e année d'étude contre l'engagement du carabin à exercer dans une zone sous dotée pendant une durée équivalente à la durée de versement de l'allocation.
Cette année, la spécialité de radiologie a été très demandée, notamment à Clermont-Ferrand. Or, sur les huit postes disponibles, trois sont désormais réservés aux CESP, au détriment des internes de la voie classique. Les étudiants sont dans l'incompréhension. « L'augmentation du nombre de postes de spécialité attribués en 2016 aux étudiants ayant signé un CESP est frappante, surtout à Clermont-Ferrand. Par conséquent le nombre de postes pour les autres étudiants est réduit. On ne comprend pas pourquoi », expliquent deux internes du CHU.
Le premier problème soulevé par les internes est celui de l'iniquité dans l'attribution des postes. « L'année dernière, l'étudiant signataire du CESP était classé plus de 6 000e et le dernier poste pourvu par l'étudiant en filière classique était classé 2 300e… Cette année avec seulement cinq postes classiques, certains bien classés n'obtiendront peut-être pas cette spécialité », détaillent-ils.
Rachat du contrat
Deuxième lièvre débusqué par ces étudiants : certains signataires du CESP rachètent rapidement leur contrat et se libèrent donc de leurs obligations (installation dans une zone fragile). « Ils font des remplacements lors de l'internat et remboursent la totalité des frais. Le contrat est rompu et ces étudiants n'exercent pas forcément dans un désert médical », explique un interne désabusé.
Contactée, l'ANEMF (association représentative des étudiants) explique que le phénomène est « nouveau ». « Le nombre de postes pour les CESP augmente, c'est une bonne nouvelle, mais on peut imaginer un contournement des étudiants », déclare William Gens, responsable des perspectives professionnelles à l'ANEMF. « Nous allons suivre de près ce dossier, sans faire de généralités. Les étudiants construisent des projets professionnels réfléchis. »
En 2016, 236 postes sont ouverts aux étudiants ayant signé un CESP contre 157 en 2015. Au total, 1 137 étudiants et internes en médecine ont signé ce type de contrat entre 2011 et 2015, selon le rapport d'activité du Centre national de gestion (CNG).
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