Fin du numerus clausus : objectif de 51 505 nouveaux carabins formés dans les cinq ans à venir

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Publié le 21/09/2021

Crédit photo : S Toubon

Au revoir, le numerus clausus. Bonjour, le numerus apertus. Pour la toute première fois, un arrêté fixe des « objectifs nationaux pluriannuels » de professionnels de santé à former, sur la période 2021-2025. En pratique, le quota d'étudiants autorisés à passer en deuxième année de médecine, pharmacie, dentaire et maïeutique n'est plus fixé par le ministère pour chaque faculté. Ce dernier leur donne désormais des objectifs cibles de nombre de soignants à former « pour répondre aux besoins du système de santé, réduire les inégalités d’accès aux soins et permettre l’insertion professionnelle des étudiants », rappelle le texte publié le 17 septembre au « Journal officiel ».

Pour les quatre filières sélectives confondues, ce sont 81 055 professionnels de santé qui devront être formés sur 5 ans, dont 51 505 rien pour la médecine. Des objectifs définis en concertation avec les agences régionales de santé (ARS) et les universités et qui tiennent compte « des besoins de santé du territoire, des capacités de formation mais aussi de la diversité des lieux de stage », précise l’arrêté.

C’est sur la base de ces objectifs que chaque université fixera ensuite, régionalement, le numerus apertus, autrement dit la capacité d’accueil des étudiants en deuxième année à chaque rentrée.

Flexibilité de 5%

Dans le détail, l’arrêté fixe pour chaque établissement l'objectif du nombre d’étudiants en médecine à former entre 2021 et 2025. Cela représente 3 700 étudiants pour l’université de Paris et 10 610 pour l’ensemble des facultés de médecine d’Île-de-France, 2 495 à Lille ou encore 2 530 pour la faculté d’Aix-Marseille… Nouveauté, le texte permet une flexibilité de 5 %. À titre d’exemple, pour l’université de Paris, cela représente plus ou moins 185 étudiants en médecine sur 5 ans ou 90 pour la faculté de Montpellier.

Concrètement, si ces objectifs pluriannuels remplacent le numerus clausus, le taux d’étudiants formés en médecine restera relativement comparable. Pour un quota de 51 505 futurs médecins formés sur 5 ans, 10 300 devraient en moyenne intégrer le cursus chaque année. Un chiffre similaire à cette année, où 10 675 étudiants avaient intégré la 2e année de médecine, après une augmentation de 14 % des effectifs, selon le ministère de l’Enseignement supérieur.

Manque d'encadrants

Face à cette augmentation, la Conférence nationale des présidents d’université (CPU) s’était émue le 15 septembre d’un manque d'enseignants pour les étudiants. « Nous avons bien conscience de l’attractivité des études de santé, mais il sera difficile d’augmenter le nombre de places chaque année », a lancé Guillaume Gellé, vice-présidents de la CPU. « Les réformes du 1er et 2e cycle demandent un nombre d’encadrants supérieur, s’inquiétait pour sa part Manuel Tunon de Lara, président de la CPU. Or chaque année, 40 à 50 PU-PH démissionnent pour aller dans le privé. La situation requiert beaucoup de vigilance. » 

Alors que la rentrée des PASS (parcours d'accès spécifique santé, la première année des études en santé) s’est faite dans la plupart des universités, le Collectif Pass/Las regrette que « très peu d’universités aient à l’heure actuelle fixé leurs capacités d’accueil pour l’année 2022 ».

L’avenir n’est pas encore scellé non plus pour la poignée d’étudiants – recalés en 2e année de médecine – ayant demandé cet été un redoublement exceptionnel, suite à la création de commissions spéciales au sein des universités, chargées d’examiner les dossiers au cas par cas. « Les autorisations exceptionnelles de redoublement sont données à la marge, c’est la consigne, rapporte Manuel Tunon de Lara, président de la CPU. La question se pose surtout pour des raisons médicales majeures, mais c’est vraiment au compte-gouttes. » Les dernières décisions devraient être rendues fin septembre.


Source : lequotidiendumedecin.fr