Année tumultueuse pour la jeune génération d'étudiants et d'internes en médecine.
Les plus jeunes ont dû jongler entre la crise sanitaire et la mise en place de la réforme du premier cycle. Sur le papier, la première année commune aux études de santé (PACES) et le numerus clausus ont certes été mis aux oubliettes au profit de nouvelles voies : le parcours spécifique « accès santé » (PASS) et les licences avec une option accès santé (LAS), censées diversifier les profils et en finir avec le gâchis humain d'un concours couperet.
Mais dans les facs, la pandémie a complexifié l'application de cette réforme ambitieuse. Retards à l'allumage, cours à distance, désorganisation, flou autour des modalités des épreuves de sélection… Laissée parfois à l'abandon, cette génération Covid a vécu une première année éprouvante, loin de l'objectif affiché. Furieuses, les associations d'étudiants en santé se sont unies pour dénoncer d'une même voix l'échec de la mise en place de cette réforme, alerter sur les risques psychosociaux et réclamer des moyens.
Les ECN résistent un an de plus
Si la réforme du premier cycle entre en vigueur dans la douleur, celle du deuxième cycle (visant à remettre au cœur de la formation l'approche par compétences, et pas seulement par connaissances) a été en partie reportée — les épreuves classantes nationales (ECN) étant maintenues une année de plus ! Le nouveau référentiel de connaissances théoriques a toutefois été mis en œuvre dès cette rentrée 2020 et il constituera le support d’évaluation pour les dernières ECNi de 2023...
Dans ce deuxième cycle rénové, 367 items sont explicités dans l'arrêté fondateur publié en septembre. Côté compétences, il est prévu quelque 350 « situations cliniques de départ », à partir desquelles seront créés les examens cliniques objectifs structurés (ECOS), permettant d'évaluer les compétences cliniques et relationnelles.
Pour nombre de jeunes enfin, les stages hospitaliers ont viré au parcours du combattant. Externes et internes ont été transférés ou redéployés dans des services Covid ou recrutés pour faire des tests après l'annulation de leurs stages. D'autres ont pris des contrats de vacation pour prêter main-forte à des établissements en manque de bras.
Sans bibliothèque universitaire, sans soupape de décompression sportive ou culturelle, la jeune génération Covid a souffert. Selon une enquête de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), 41 % des carabins déclarent avoir accumulé une fatigue supplémentaire et la moitié d'entre eux ont ressenti davantage d'anxiété que d'habitude à l'approche des examens. Une enquête similaire de l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) indique que 47,1 % d'entre eux ont présenté des symptômes d’anxiété et 18,4 % des symptômes dépressifs.
Mais des avancées ont aussi bénéficié à la jeunes génération en 2020. Le Ségur de la santé a concrétisé la revalorisation des salaires des étudiants hospitaliers et internes. Chez les externes par exemple, le salaire des étudiants en 4e année de médecine a doublé passant de 130 euros à 260 euros brut par mois. Les internes de première année obtiennent une hausse inédite de 147 euros brut par mois.
Place aux docteurs juniors
Enfin, le nouveau statut de docteur junior, intermédiaire entre l'interne et le chef de clinique, et qui correspond à la dernière phase de l'internat (consolidation), a bien vu le jour. D'une durée d'un an pour les spécialités médicales et deux ans pour les spécialités chirurgicales, cette phase 3 doit conduire progressivement le jeune praticien à une pratique professionnelle autonome. 1 237 jeunes médecins issus de la promotion des ECN 2017 ont pris leur poste début novembre. Pour leurs choix de stage, ils sont passés mi-septembre par un système de « big matching », procédure de choix par appariement algorithmique. Leur salaire a été relevé à 27 125 euros brut par an assorti d'une prime annuelle de 5 000 ou 6 000 euros.
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