La Conférence des doyens, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) et l'Ordre alertent les pouvoirs publics sur la nécessité de réformer l'actuel certificat de compétence clinique, de l'harmoniser sur le territoire et de le rendre obligatoire pour tous les candidats des épreuves classantes nationales (ECN). Ce nouveau filtre permettrait selon eux de déceler les étudiants n'ayant pas été suffisamment formés au lit du malade.
« Il est invraisemblable que les ECN, qui n'évaluent que les connaissances acquises, ouvrent la porte des hôpitaux ou des cabinets de médecine générale à des internes dont les compétences cliniques n'ont pas été contrôlées », écrivent les doyens, étudiants et Ordre dans un communiqué commun.
Selon eux, l'absence de contrôle du savoir-faire des étudiants qui intègrent l'internat français après un second cycle dans d'autres pays européens peut conduire à des « situations à risque » dans les lieux de soins. Fin 2015, huit internes de médecine générale qui avaient majoritairement démarré leur cursus en Roumanie, avaient été suspendus en Ile-de-France.
Pour éviter que pareille situation ne se reproduise, les doyens demandent que les futurs médecins soient aussi jugés plus scrupuleusement, pendant leur cursus, sur leurs aptitudes pratiques. À l’heure actuelle, les carabins sont jaugés selon des rapports de stage. Ils doivent obtenir un certificat de compétence clinique mis en place en 2013, également appelé certificat de synthèse clinique et thérapeutique (CSCT), pour valider le deuxième cycle, quelques mois avant de passer les ECN. Toutefois, les modalités de cette étape sont très différentes d'une faculté à une autre. « Il n'y a pas de règles. L'examen est souvent théorique. Nous souhaitons le remodeler et amplifier la compétence clinique », explique au Quotidien le Pr Jean Sibilia, directeur de l'UFR de médecine de Strasbourg et vice-président de la Conférence des doyens.
Les ECN qui sont passées au format numérique et ont inclus des dossiers progressifs, permettent certes d'évaluer les connaissances et le raisonnement des étudiants mais elles ne garantissent pas à la population que les internes ont « tous un niveau adéquat de compétence clinique ».
Évaluer grâce à la simulation en santé
Le sujet avait émergé lors du congrès national des doyens en avril dernier à Lyon. Doyens et étudiants veulent que l'évaluation nationale du savoir-faire au lit du malade devienne un préalable incontournable aux ECN dans le cadre de l'imminente réforme du 3e cycle. « Nous pourrons ainsi garantir aux étudiants que leurs efforts faits en stage seront autant valorisés que l'acquisition livresque de connaissances », plaident les signataires du communiqué commun. Cette évolution est rendue d'autant plus nécessaire qu'un candidat rendant copie blanche aux ECN est assuré d'avoir un poste d'internat.
Si la proposition des doyens est retenue par les tutelles, tous les étudiants candidats à un poste d'internat devront se présenter aux deux examens. « Ce certificat est une façon de mettre une barrière et de ne pas laisser passer un étudiant n'ayant pas les compétences cliniques requises pour le troisième cycle », précise le Pr Sibilia. Cette piste, approuvée par les étudiants et l'Ordre, est aussi un moyen de clore les débats autour de l'introduction d'une note minimale (7 ou 8/20 avait été évoquée) qui ne faisait pas consensus.
Les doyens estiment avoir les moyens pédagogiques suffisants pour homogénéiser cette évaluation des aptitudes. Avec la simulation médicale pratiquée au sein des facultés (obligatoire dans toutes les UFR en 2017), ils se disent en mesure de juger des capacités des étudiants « à interagir avec les patients et à mobiliser leurs connaissances ».
« On se forme à la clinique en stage, c'est vrai, mais il n'y a pas d'évaluation finale majeure, souligne Quentin Hennion-Imbault, en charge des études médicales à l'ANEMF. Parfois les étudiants choisissent des stages planqués pour réviser les ECN. La priorité reste la compétence clinique. »
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