Une trentaine d'étudiants et d'internes ont répondu présent au pique-nique organisé mardi soir au coucher de soleil sur la grande pelouse de la Cité universitaire de Paris, par l'association des internes de santé publique d'Ile-de-France (SPI).
Au menu de cette soirée, le bureau de l'association a prévu d'expliquer le fonctionnement de cette spécialité encore mal connue des externes et parfois mal-aimée. Sur la pelouse, étudiants et internes papotent, en petits groupes, assis ou debout, de leur expérience de stages, des missions à remplir et argumentent sur leur futur choix de carrière.
« Il y a deux messages importants à transmettre aux étudiants. Il faut leur montrer la diversité de la spécialité, le potentiel qu'offre l'internat et surtout rassurer les externes sur le "deuil clinique" qu'ils vont vivre », explique Alexandre Fauconnier, le président de la SPI au « Quotidien », invité pour l'occasion.
« La santé publique ne se résume pas à des statistiques, à la recherche clinique ou à l'épidémiologie. C'est une discipline transversale où tu travailles aussi avec des paramédicaux, des pharmaciens ou des économistes », renchérit Sylvain, membre du bureau.
La médecine en dehors de l'hôpital
La plupart des convives sont essentiellement des D4, fraîchement sortis des épreuves classantes nationales informatisées (ECNi). Si pour certains il était évident de s'orienter vers la santé publique, d'autres hésitent. Cette spécialité n'est pas la voie royale pour peaufiner les méthodes de diagnostic et d'auscultation.
En revanche, la maquette du DES offre de belles surprises. Les étudiants qui le souhaitent peuvent suivre des stages dans l'humanitaire, dans l'industrie pharmaceutique, ou même dans des start-up médicales. Certains instituts proposent également des postes en Thaïlande ou au Bénin.
Ainsi, Diane, en 3e année d'internat, a décroché un stage chez Médecins du Monde. Elle était chargée de coordonner des soins notamment dans le traitement de l'hépatite C chez des consommateurs de drogues en Géorgie. Ce stage demande des compétences en gestion de projet et en recherche opérationnelle. « J’ai écrit les protocoles, suivi la cohorte, recueilli et analysé des données », précise-t-elle.
Romain, en 2e année d'internat, a réalisé un stage en industrie pharmaceutique. Ces missions consistaient à réaliser des études en « vie-réelle » visant à récolter des données permettant d'évaluer le bénéfice-risque d'un médicament. « Cela fait appel à plusieurs compétences, dont la recherche clinique et l'organisation des soins », indique-t-il. Il a enchaîné avec un stage dans une start-up médicale.
Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, le médecin de santé publique n'est pas une caution médicale. C’est un domaine transdisciplinaire qui fait appel à des compétences élargies. « Pour une application en santé on s'interroge sur l'efficacité, le business model, les aspects réglementaires etc. », poursuit-il.
Manque de stage en dehors de l'Ile-de-France
Selon l'association, l'Ile-de-France voit tous ses postes pourvus chaque année. À l’inverse, Poitiers n'aurait pas accueilli d'internes depuis deux ans. « En région, les stages se déroulent uniquement à l'hôpital. Il y a très peu de stages en ARS. Mais à Paris, c'est tout l'inverse. Il faut homogénéiser l'offre de stages sur le territoire », détaille Sylvain.
L'offre est également insuffisante pour les externes souvent livrés à eux-mêmes pour les démarches. Selon le SPI, il faudrait faciliter le déplacement des internes en région ou inversement à Paris afin qu'ils découvrent et puissent se former dans d'autres branches. Actuellement le CLISP (comité de liaison des internes de santé publique) cherche à développer ces échanges. Il propose notamment de permuter les hébergements des internes souhaitant réaliser un stage en interCHU.
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