Dans les locaux du 15e arrondissement de Paris, l'équipe des concours médicaux du Centre national de gestion (CNG) est sur le pont.
Depuis le 30 août 2016 et jusqu'au 19 septembre, les 8 124 étudiants des dernières épreuves classantes nationales informatisées (ECNi) sont appelés à tour de rôle, en fonction de leur classement, à valider « online » leur spécialité d'internat et leur ville d'affectation sur la plateforme Celine.
Depuis cinq ans, la procédure informatisée remplace l'amphithéâtre de garnison organisée traditionnellement chaque année, en septembre, pendant quinze jours dans un complexe de Lognes en Seine-et-Marne. « Les étudiants de toute la France se déplaçaient à Paris, payaient des billets de train. L'amphi était plein et les carabins stressés », indique Philippe Touzy, chef du département concours au CNG. Aujourd'hui, cet amphi de garnison, devenu virtuel, offre une gestion à distance plus fluide.
Tableau de bord high-tech
La salle du CNG, réquisitionnée pour ces journées, a des allures de cellule de crise. Un tableau de bord est projeté sur un écran géant. Il mentionne à chaque rang la présence ou non de l'étudiant sur la plateforme, son identité, son premier vœu d'affectation (la spécialité et la ville désirées), mais aussi un éventuel souhait de déclassement pour opter pour une spécialité après son/sa conjoint(e). À cela s'ajoute un code couleur : bleu lorsque l'étudiant a choisi, noir lorsqu'il n'a pas choisi et rouge quand il est en contrat d'engagement de service public (CESP). Autour de la table, deux membres du CNG, un interne et un étudiant s'affairent. Ils gèrent la « hotline » pour répondre aux appels ou aux mails des étudiants en difficulté.
« Les candidats ont deux mois en juillet et août pour simuler sur Celine les différentes spécialités qu'ils souhaitent. La plupart d'entre eux n'ont aucun problème. Toutefois, ils sont quand même stressés », explique Serge Aubert, chef de l’unité des concours médicaux au CNG.
Hésitation, absence, déclassement…
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les premiers jours de la procédure sont parfois difficiles. Et pour cause : Les futurs internes doivent trancher entre les 30 spécialités disponibles (16 médicales, cinq chirurgicales et neuf disciplines filiarisées) et 28 subdivisions. « Certains mettent plus de temps à choisir. Ils hésitent car toutes les spécialités et villes sont disponibles », analyse Serge Aubert.
Néanmoins, chaque étudiant prend en moyenne une minute environ pour remplir la formalité (qui nécessite par sécurité trois confirmations).
La deuxième vague de difficultés se présente aux environs du rang 2 600. Les futurs internes sont plus « lents » car le nombre de postes des spécialités chirurgicales et médicales se raréfie. Il y a deux cas de figure : l'étudiant qui n'obtient pas la discipline voulue mais qui a un plan B, et celui qui n'a pas envisagé d'autres options. « Ces derniers n'ont pas profité des mois de simulation et font un choix à la va-vite. Après coup ils nous appellent pour changer de spécialité, ce qui est impossible », poursuit Serge Aubert.
Le CNG doit aussi enregistrer le choix des candidats qui ne se connectent pas à la plateforme le jour J mais ont informé de leur absence. Cette année, ils étaient plus de 1 000, soit un carabin sur huit. « Dans ce cas, nous respectons le premier vœu valable, explique Serge Aubert. Ces absences justifiées ont tendance à augmenter, cela prouve que les étudiants font confiance au dispositif. » En revanche, quelques personnes n'ayant pas prévenu de leur absence ne se connectent pas à l'amphi virtuel, et bloquent le choix des étudiants des rangs suivants.
Dans ces conditions, le CNG suit une procédure précise. Après une minute d'attente, la cellule tente de contacter l'étudiant afin de l'inviter à se connecter à la plateforme. Si elle ne parvient pas à le joindre, elle appelle le numéro d'urgence précisé par l'étudiant dans son dossier.
Le CNG doit également gérer chaque année une dizaine de cas de désistement. « Ces étudiants ne choisissent pas de poste, ils sortent du système des études médicales et partent en Suisse, Allemagne ou ailleurs », indique Philippe Touzy.
L'ANEMF et l'ISNAR-IMG en soutien
Pour les questions spécifiques aux spécialités et au déroulement de l'internat, le CNG fait appel à l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF) et à l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). « Les étudiants vivent différemment la procédure de choix. La semaine dernière, une jeune femme a changé neuf fois son premier vœu. Elle hésitait entre cardiologie et médecine générale. Or il ne restait qu'un poste de cardio et l'étudiant classé juste derrière elle le voulait », raconte William Gens, en charge des perspectives professionnelles à l'ANEMF.
Maxence Pithon, représentant de l'ISNAR-IMG, participe pour la première fois à la cellule d'aide. « En médecine générale, les étudiants demandent souvent des renseignements sur les subdivisions, les diplômes complémentaires (DESC) qu'ils peuvent suivre à l'issue de leur internat et les stages, notamment les SASPAS (stages en autonomie supervisée) car ils ne sont pas homogènes sur le territoire », détaille-t-il. Lorsque les questions portent sur les spécialités médicales ou chirurgicales, les étudiants sont mis en relation avec les structures d'internes locales.
La procédure se termine lundi. Pour tous les internes, les prochaines étapes importantes seront le choix de stage puis la rentrée en novembre.
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