« Des mesures doivent être prises pour mettre fin aux problématiques qui gangrènent nos études », s'impatiente Nicolas Lunel, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Dans son nouveau livre blanc, cette association entend porter la voix des jeunes dans le débat présidentiel, à travers une série de propositions pour l’avenir du système de santé. « Nous avons déjà défendu ces positions à chacun des rendez-vous avec les équipes des candidats ! », réitère l’association.
Alors que les carabins « maillons essentiels de la chaîne de soin, contribuent à faire tourner le système de santé », la précarité reste un sujet majeur, souligne le président de l’Anemf. Impossibilité de prendre un job étudiant, prépas privées coûteuses, frais de logement et de transport : « 23,6 % d’entre nous ont déjà songé à arrêter leurs études pour des raisons financières et 29,4 % bénéficient d’une bourse sur critères sociaux », détaille l’Anemf. Un constat bien loin du cliché du carabin « privilégié, issu de familles aisées, aux études payées par l’État », recadre l'association.
« Double peine »
En premier lieu, la centrale étudiante réclame une revalorisation des émoluments des externes. « Avec une rémunération allant de 200 € à 300 € net par mois, comment se focaliser sur ses études sans avoir à réfléchir en permanence à ses finances précaires ? », interpelle l’Anemf. Elle réclame un salaire pour les externes qui soit au moins aligné sur celui des stagiaires de l’enseignement supérieur, soit 375 euros net par mois. Car, malgré la revalorisation d’une centaine d’euros actée à la faveur du Ségur de la santé, « les pouvoirs publics continuent d’assumer une rémunération des étudiants hospitaliers inférieure à celle des stagiaires du deuxième cycle de l’enseignement supérieur, qui est de 3,90 €/h », se désole l’association.
Pis, la réforme des aides au logement (APL) a enfoncé le clou en amputant 40 % des étudiants hospitaliers d’un bonus dont ils bénéficiaient auparavant.
Pour aider à sortir les carabins de la précarité, l’Anemf propose de rendre ces étudiants éligibles à la prime d’activité. Pour l’heure, avec un salaire inférieur au seuil de 943 euros par mois exigé pour toucher cette prime, les externes en sont privés. La « double peine », résument-ils.
Pour des référentiels gratuits
Au-delà d’une « rémunération décente », la fédération des juniors souhaite rendre la formation plus accessible financièrement. Il conviendrait déjà de reconnaître à sa juste valeur le tutorat, solution pour remplacer les prépas privées souvent hors de prix.
Les étudiants veulent aussi mettre un coup d’arrêt aux référentiels payants, indispensables pour préparer les épreuves classantes nationales (ECN). Élaborés par les collèges de spécialités, mais « publiés par des maisons d’édition quasi-hégémoniques et vendus en moyenne 35 euros l’unité, ils sont la source d’un stress financier majeur », avance l’Anemf. Elle souhaite que ces manuels soient mis à disposition en ligne gratuitement.
Alors que les étudiants sont amenés à découvrir de nouveaux modes d’exercice – parfois périphériques – notamment dans le cadre de la réforme du deuxième cycle, cette diversité « ne doit pas impacter leurs ressources financières », plaide l'Anemf. Ce qui n'est souvent pas le cas avec des frais de trajet et de logement dans le cadre de stages situés parfois à des centaines de km. L’Anemf propose donc d’étendre « l’indemnité d’hébergement de 150 € brut pour les stages ambulatoires en zones sous-denses aux stages réalisés en centres hospitaliers périphériques ».
Et, dans le cadre du service sanitaire, « l’étudiant éloigné de son UFR de rattachement doit pouvoir bénéficier d’une compensation financière telle que l’indemnité logement de 235 € par mois », si la collectivité territoriale qui l’accueille n’a pas mis en place d’aides.
Non à la coercition
Dans cette campagne présidentielle, la nouvelle génération se voit également renvoyée, à droite comme à gauche, à des stages fléchés dans les déserts médicaux ou à une régulation à l’installation dans les zones surdotées. L'Anemf s’oppose sans surprise à la coercition et y voit même « une dévaluation de la médecine libérale », avec le risque d’une « médecine à deux vitesses » si certains médecins décident de se déconventionner.
« Par quels moyens peut-on donner envie à un jeune médecin d’aller s’installer dans un territoire ?, questionne finalement l’Anemf. La réponse des étudiants est triple : favoriser la découverte des modes d’exercice et des territoires, accompagner l’installation des jeunes médecins et rénover l’offre de soins ». D'où la demande de stages supplémentaires en périphérie mais aussi d'un soutien à l’exercice coordonné et au développement de lieux de téléconsultation.
Suspension de l’interne de Tours condamné pour agressions sexuelles : décision fin novembre
À Clermont-Ferrand, un internat où « tout part en ruine »
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes
Temps de travail des internes : le gouvernement rappelle à l’ordre les CHU