Les candidats aux ECNi 2017 auront vécu un cauchemar. En juin dernier, 8 900 étudiants avaient dû recomposer dans des conditions désastreuses après l'annulation de deux sessions, entraînant une émotion forte dans la communauté universitaire.
Le motif de ce fiasco ? Des dossiers cliniques progressifs (DCP), l'une des épreuves des ECNi, avaient déjà été traités par des candidats lors d'un examen blanc et d'une conférence de préparation. Deux pas de travers ayant entraîné une rupture d'égalité et une crise de nerfs nationale.
Le mea culpa des présidents du jury et du conseil scientifique n'a pas suffi à apaiser les esprits. Les carabins ont déversé leur colère sur les réseaux sociaux, avec des centaines de photos estampillées « Promofiasco ». Une pétition a été lancée épinglant les concepteurs des sujets ; les étudiants y réclamaient la démission des membres du conseil scientifique.
Sécurité maximale pour 2018
Les ministères concernés (Enseignement supérieur et Santé) ont convoqué un comité de suivi extraordinaire et commandé une enquête des inspections générales (IGAS/IGAENR). Après concertation avec l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), les ministres ont promis de faire toute la lumière sur cette affaire, de sécuriser les futures épreuves et d'engager une réflexion plus globale.
Début octobre, le prérapport dévoilé par le « Quotidien » faisait état de « dysfonctionnements » lors de la phase de conception des épreuves, confirmait la « responsabilité individuelle d'un expert » ainsi qu'un « défaut global d'organisation ». Plusieurs mesures furent avancées : réduction du nombre d'experts, traçabilité renforcée mais aussi sécabilité des dossiers cliniques progressifs, publication d'annales, logiciel anti-plagiat, etc.
Quelle alternative aux ECNi ? Le matching !
Parallèlement, les tutelles ont missionné le Pr Jean-Luc Dubois-Randé, président de la conférence des doyens, et Quentin Hennion-Imbault (ex-ANEMF) pour formuler des propositions de réforme en profondeur du deuxième cycle. Objectif : en finir avec le bachotage systématique, renforcer l'acquisition et l'évaluation des compétences cliniques, personnaliser les parcours, favoriser les doubles cursus, valoriser les initiatives étudiantes, l'investissement en stage et la recherche… La sortie « du tout ECN » est officiellement au programme.
Début novembre, les premières pistes sont dévoilées avec l'idée d'une refonte drastique du deuxième cycle. Le pari est de mieux accompagner la construction d'un projet professionnel. Les experts recommandent de faire découvrir aux carabins l'ensemble des spécialités et des métiers de santé dès la deuxième année afin de déconstruire les clichés. Le second cycle serait plus professionnalisant, les premiers stages démarrant dès la troisième année en dehors de l'hôpital. À la fac, il est proposé un système de classe inversée, une diminution des cours magistraux au profit du numérique.
Mais la proposition phare consiste à remplacer les ECNi actuelles par un système de « matching » entre étudiants et postes d'internes. Le score serait basé sur trois critères principaux : connaissances, compétences cliniques et relationnelles et parcours personnel (recherche, humanitaire, mobilité, vie associative etc.).
Dès le 19 octobre, le président de la conférence des doyens de médecine avait créé la surprise en annonçant ouvertement « la fin programmée des ECN », lors du congrès de l'Ordre. « Les ECN seront supprimées, c'est la pire chose qui existe », avait lancé le Pr Jean-Luc Dubois-Randé. Difficile d'être plus clair… en attendant les arbitrages du gouvernement.
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