La Cour dresse un double constat : la fréquentation des urgences hospitalières croît inexorablement. Leur engorgement n’est pas une fatalité, à condition de repenser l’articulation avec la médecine de ville.
En 2012, 18 millions de passages ont été enregistrés, soit 30 % de plus en dix ans. Les moyens déployés aux urgences (création de lits, recrutements) n’ont pas tout réglé, loin s’en faut. En novembre 2013, une centaine d’établissements étaient sous tension.
Le rapport, défavorable à l’octroi de nouveaux moyens, plaide pour un meilleur décloisonnement ville hôpital. Ce sont surtout les passages non suivis d’hospitalisation qui progressent le plus fortement : « Un passage sur cinq n’a pas nécessité d’autre acte qu’une consultation », note la Cour des comptes, pour qui 3,6 millions de passages annuels pourraient être réorientés vers la ville. Soit une économie estimée à 500 millions d’euros.
Les carences de l’offre de ville sont pointées du doigt, étude à l’appui. Le 11 juin 2013, un Français sur mille s’est rendu aux urgences. La DREES (ministère) a enquêté pour comprendre les raisons de cette affluence (ordinaire). 6 % des patients se sont rendus aux urgences ce jour-là car leur médecin traitant était absent. Dans 30 % des cas, le problème de santé avait débuté plusieurs jours avant la venue aux urgences.
Et dans six cas sur dix, les sondés ont évoqué l’accès rapide aux spécialistes et aux examens complémentaires qu’offrent les urgences. Les patients précaires sont loin de constituer le gros des troupes (1 % d’AME et 7 % de CMU-C).
Manque de maisons de gardes
Comment expliquer qu’un patient sur cinq ait passé plus de 4 heures aux urgences ce 11 juin 2013 ?
L’hôpital a ses raisons propres (difficulté à trouver un lit d’aval, long délai pour l’imagerie, postes vacants...). La Cour des comptes préconise la généralisation des circuits courts, des gestionnaires de lits et des filières gériatriques. Côté médecine de ville, les magistrats plaident pour une permanence des soins plus efficace. Les maisons médicales de garde ? Elles sont « peu nombreuses, inégalement fréquentées, parfois mal financées », et gagneraient à être mieux articulées avec l’hôpital.
Les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) sont quant à elles invitées à s’équiper d’un plateau technique léger, afin de prendre en charge la petite traumatologie (31 % du recours aux urgences pour l’adulte, et 36 % pour l’enfant), et, « dans des délais courts, certains examens d’imagerie et de biologie ».
Quid de l’ancien projet de l’AP-HP, qui avait songé à transformer l’Hôtel-Dieu (Paris) en lieu d’accueil pour des consultations sans rendez-vous, jour et nuit ? La Cour des comptes ne le juge pas souhaitable : « Le risque existe de reconcentrer sur l’hôpital des flux de patients qui devraient être pris en charge autrement ».
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