Une grève de principe aux urgences – avec des personnels « assignés » au travail – s’est déclenchée cette semaine au CHU de Rouen.
Les soignants du service des urgences adultes de l’hôpital Charles-Nicolle se sont déclarés en grève illimitée depuis lundi. Infirmières, aides-soignants, brancardiers et une partie des médecins suivent un appel de l’intersyndicale FO/CGT/CFDT/CFTC et Sud qui dénonce des conditions de travail de plus en plus difficiles et réclame des moyens supplémentaires. « La qualité des soins que nous prodiguons se détériore par manque de moyens », explique une infirmière réquisitionnée arborant un brassard « en grève ».
Le mouvement entend dénoncer la dégradation des conditions d’exercice dans l’un des plus grands services d’urgences médicales de l’Hexagone (plus de 80 000 patients par an dont 30 % sont hospitalisés), au bord de la saturation. Un service qui connaît une augmentation de 4 à 5 % des patients chaque année, précise le Pr Loïc Marpeau, président de la commission médicale d’établissement (CME) des hôpitaux de Rouen.
Equipes fragilisées
« Il y a de plus en plus d’embouteillages à l’entrée de services débordés et inadaptés où le matériel médical de base est trop souvent obsolète », déplorent les équipes.
Les personnels des urgences ont produit un document d’analyse de la situation remis à la direction de l’établissement. Il y est expliqué que les soignants en colère doivent de plus en plus souvent affronter des familles déboussolées par des temps d’attente qui s’éternisent.
« C’est la première fois que nous voyons une telle situation de mal-être qui pourrait avoir des répercussions sur la santé physique et mentale des équipes », expliquent les délégués syndicaux. La crainte de l'erreur médicale est exprimée. « Nous ne pouvons plus accepter de travailler dans de telles conditions. Elles impactent la qualité des soins et peuvent mettre en cause la responsabilité des soignants dans la sécurité des patients. »
Le Pr Loïc Marpeau reconnaît ces difficultés, qui ne sont pas nouvelles dans les hôpitaux rouennais. L’une des solutions à l'étude serait de créer une « zone tampon » aux urgences. Ce service organiserait l’accueil des personnes nécessitant des examens complémentaires pendant au maximum 48 heures.
Cette solution permettrait de désengorger l’attente en dirigeant plus rapidement chaque patient vers des lits libres dans les services qui leur correspondent. Une réunion de négociation entre les syndicats et la direction est programmée pour ce jeudi 9 juin. Rémy Heim, le porte-parole de la direction, se déclare serein. « Nous allons leur proposer de renforcer les effectifs en période de pointe. »
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