Après un rebond enregistré à partir de mai 2021 et une augmentation plus contenue en 2022, les passages aux urgences s’établissent en 2023 à 20,9 millions, un niveau proche de celui de 2017, constate la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees, ministère de la Santé) dans une enquête publiée le 12 décembre.
Si entre 1996 et 2019, le nombre de passages aux urgences avait progressé en moyenne de 3,3 % par an pour atteindre 22 millions en 2019, cette croissance avait été interrompue au moment de la crise sanitaire (18,1 millions de personnes accueillies en 2020). « Les passages aux urgences n’ont pas retrouvé, en 2023, la tendance ni le niveau d’avant la crise sanitaire », note la Drees.
Ce recul est observé depuis 2023 dans trois quarts des départements avec, pour certains d’entre eux des niveaux inférieurs chaque mois des années 2022 et 2023 par rapport aux données enregistrées avant la crise (Allier, Calvados, Cantal, Indre, Jura, Mayenne, Sarthe, Tarn, Vienne, Paris, Rhône). À l’inverse, les passages aux urgences en 2022 et 2023 dépassent ceux de la période 2017-2019 dans un quart des départements et c’est le cas chaque mois des deux années dans le Gard, en Haute-Garonne et en Haute-Saône.
Variabilité d’un jour à l’autre
La Drees relève dans son enquête que le nombre de patients se présentant dans les services d’urgence varie fortement d’un jour à l’autre. En 2023, le nombre de passages quotidiens pendant les périodes d’activité haute (10 % des jours où les passages sont les plus nombreux) est supérieur d’au moins 34 % à celui des périodes d’activité basse (10 % des jours où les passages sont les moins nombreux).
Cet écart dépasse 50 % dans cinq départements (Hautes-Alpes, départements corses, Mayotte et Lozère) et s’établit entre 30 % et 40 % en Seine-Saint-Denis, en Seine-Maritime, dans le Val d’Oise, en Seine-et-Marne, dans les Hauts-de-Seine, dans le Pas-de-Calais et l’Essonne avec une variation d’au moins 300 passages quotidiens.
Sans surprise, certains départements des Alpes, de la Corse, des façades atlantiques et méditerranéennes, ainsi que d’Île-de-France, présentent une saisonnalité marquée. En été, la hausse des recours aux urgences s’intensifie surtout dans le Var et l’Hérault (+131 et +101 passages journaliers par rapport au reste de l’année) alors qu’elle chute en août en Île-de-France. Autre tendance mise en lumière par la Drees, le lundi enregistre l’activité la plus élevée (+11 % par rapport aux autres jours) dans 92 départements.
En intégrant la correction des variations infra-hebdomadaires et saisonnières, les amplitudes entre les journées d’activité haute et basse diminuent en 2023 de 34 % à 27 % en moyenne pour l’ensemble des départements.
Au moins un point d’accueil fermé dans 35 départements
Trente-cinq départements ont connu la fermeture d’au moins un point d’accueil des urgences, mais dans plus des trois quarts de ces cas, les services fermés représentaient moins de 18 % des passages départementaux de 2022. Selon l’enquête Urgences (Demoly, et al., 2024) reprise par la Drees, entre le 13 mars et le 13 juin 2023, 8 % des points d’accueil des urgences ont fermé au moins une fois et 23 % ont mis en place un accès régulé. En 2022, ces structures avaient accueilli respectivement 5,5 % et 23 % des passages aux urgences.
La Drees s’est donc intéressée au déploiement des services d’accès aux soins (SAS) qui dès 2021 ont concerné les territoires faisant face à des tensions plus fortes que les autres. « Sans qu’il soit possible de conclure à une absence d’effet du dispositif sur les passages aux urgences », la Haute-Garonne, l’Isère et La Réunion connaissent toujours un niveau de passages supérieur en 2023 au niveau d’avant la crise. À l’inverse, les Yvelines, la Manche et la Moselle, qui disposent également d’un SAS pilote, ont vu les passages aux urgences reculer par rapport au niveau d’avant la crise. « Que cela soit imputable pour tout ou partie au dispositif reste à établir, notamment parce que d’autres mesures, comme la régulation à l’entrée des urgences en imposant aux patients un passage préalable par le 15, ont pu aussi être appliquées en parallèle sur la même période, par exemple à l’été 2023 dans la Manche », notent les auteurs de l’étude.
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