Il a quitté l’Auvergne et ses Puys aux sommets arrondis pour New York et ses gratte-ciels aux profils acérés. Mais d’un côté de l’Atlantique comme de l’autre, c’est la même ferveur pour la médecine d’urgence qui anime le Dr Jean-Baptiste Bouillon, chef de clinique au CHU Clermont-Ferrand qui vient de débarquer aux États-Unis pour un an de mobilité internationale à la New York University (NYU).
« Les États-Unis, c’est vraiment ce qu’il y a de mieux pour la recherche en médecine d’urgence », s’enthousiasme le jeune médecin qui dit se destiner à une carrière hospitalo-universitaire. En France, ses thèmes de recherche de prédilection portent sur les biomarqueurs des traumatismes crâniens et du stress. Mais à New York, il a choisi de se greffer sur l’un des projets-phare de la NYU, qui concerne la prise en charge aux urgences des patients présentant une maladie grave et incurable.
La médecine en concentré
Avant de franchir l’océan, Jean-Baptiste avait eu un parcours 100 % auvergnat, ce qui ne veut pas dire qu’il fut uniforme : outre le CHU de Clermont-Ferrand, il a fréquenté les hôpitaux de Vichy, Moulins, Montluçon et Aurillac, et même un cabinet de médecine générale à Ayat-sur-Sioule, village de 142 habitants situé entre Riom et Montluçon. « Ce qui est formidable avec la médecine d’urgence, c’est qu’au sein d’une même région, on a la possibilité de travailler dans des contextes extrêmement variés », se félicite-t-il.
La variété des expériences qu’offre la médecine d’urgence est justement l’une des caractéristiques de sa spécialité qui séduisent le plus le Clermontois. « En régulation, on a l’aspect gestionnaire, et en intra-hospitalier, on a un rôle crucial », énumère-t-il, rappelant que « l’écrasante majorité des diagnostics sont faits aux urgences », et que« la moitié des thérapeutiques y sont initiées ». Quant au préhospitalier, il offre sa dose d’adrénaline, et Jean-Baptiste avoue apprécier « le côté "procédure dégradée" des soins critiques », quand il « part avec le Dragon [l’hélicoptère du Samu, ndlr] dans les Puys au fond des bois ».
Du mieux dans les conditions de travail
En résumé, la médecine d’urgence concentre aux yeux du jeune homme « les trois ou quatre meilleures heures de chaque spécialité » : celles qui orientent les prises en charge. Il concède toutefois qu’il s’agit d’un métier dans lequel il faut « accepter de ne pas savoir ce qu’on fera dans 10 minutes ». Il faut également pouvoir supporter « les nuits sans dormir », mais il estime que les conditions de travail sont justement en train de s’améliorer.
« Beaucoup de personnes se demandent s’il est possible de tenir le coup pendant toute une carrière en médecine d’urgence, mais avec la réforme du temps de travail, nous sommes désormais aux 39 heures, rappelle-t-il. Si on ne fait pas de temps additionnel, cela fait deux journées et demie et une nuit de garde par semaine. » Voilà qui offre le temps de récupérer même si, Jean-Baptiste le reconnaît, il arrive fréquemment aux urgentistes de devoir faire des heures supplémentaires… et qu’il faut ajouter à ce décompte le temps consacré à la recherche. « Le problème, c’est que nous ne sommes pas assez nombreux, et quand ce problème sera réglé, ce sera Byzance », sourit-il.
Une spé à dynamiser
Reste que, pour que gonfler les effectifs de cette jeune spécialité, il faut que les jeunes la choisissent. « Les deux premières années, tous les postes n’ont pas été pourvus à l’internat, mais les choses sont en train de s’améliorer », estime Jean-Baptiste. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il s’est engagé dans la commission « jeunes » de la Société française de médecine d’urgence (SFMU). « L’objectif est de dynamiser la spécialité, de renforcer son attractivité », explique-t-il.
Pour y parvenir, la commission « jeunes » de la SFMU développe notamment une activité sur les réseaux sociaux. « On a par exemple fait un concours des photos de l’urgence sur Instagram, on a créé un escape game … », souligne-t-il. Reste que la meilleure des publicités pour la médecine d’urgence, cela reste… la médecine d’urgence elle-même. « Si un externe me demandait pourquoi choisir l’urgence, je lui dirais de venir passer une journée en régulation, une journée en intra-hospitalier, et une journée en préhospitalier, explique-t-il. La diversité des situations fait qu’on ne peut pas s’ennuyer. »
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