Le Syndicat national des spécialistes des maladies du cœur et des vaisseaux (SNSMCV) a mis en cause cette semaine la décision « inquiétante et consternante » de l’ARS Nord-Pas-de-Calais de supprimer « d’un trait de plume » les budgets alloués par le fonds d’intervention régional (FIR) aux services d’urgences spécialisées du secteur privé dans cette région.
Le Dr Éric Perchicot, secrétaire général du syndicat des cardiologues, fait état d’une subvention d’environ 1,5 million d’euros (répartie sur 6 structures privées) qui n’a pas été reconduite par l’ARS en 2013 pour des raisons d’économies (la décision n’a été notifiée que récemment). « Cette fragilisation brutale de la prise en charge des urgences cardiologiques dans des régions où les pathologies cardiovasculaires sont un problème grave de santé publique ne va pas dans le sens de l’intérêt de la population ni du décloisonnement de notre système de santé pourtant voulu par les plus hautes autorités de l’État », accuse le syndicat.
Économies
Joint par « le Quotidien » au sujet de cette affaire délicate, le directeur général de l’ARS Nord-Pas-de-Calais, Daniel Lenoir, juge la polémique très excessive. Il souligne que les efforts d’économies réclamés concernent pour partie seulement des plateaux techniques du secteur privé lucratif mais ont également affecté les dotations des réseaux, le secteur public et le privé non lucratif. « Les arbitrages sont proportionnés et pas du tout inégalitaires », affirme Daniel Lenoir, qui s’en est expliqué aux intéressés.
L’ARS, ajoute son directeur, finance en priorité (via le FIR) les lignes budgétaires qui correspondent à des engagements du projet régional de santé (PRS). Or, ces plateaux techniques spécialisés (ex-POSU) n’entrent pas de ce cadre planifié, d’où la suppression des dotations à ces structures.
Néanmoins, insiste Daniel Lenoir, cet arrêt de subvention ne remet pas en cause les autorisations de ces plateaux techniques spécialisés pour les urgences en cardiologie/urgences de la main, ni l’activité des praticiens concernés. « Et si ces dispositifs ont une utilité, précise le patron de l’ARS, il faudra qu’ils trouvent leur place dans le volet "urgences" du SROS qu’on est en train de refaire. » Avec un nouveau financement à la clé en 2014... Enfin, il n’est pas impossible que l’ARS couvre dès cette année une partie du financement de ces structures privées (au titre d’un accompagnement) si des marges de manœuvre se libèrent, confie Daniel Lenoir sans garantie.
Ce n’est toutefois pas la première fois que des représentants du secteur privé mettent en cause dans cette région les arbitrages financiers de l’ARS qu’ils jugent en leur défaveur. « La rigueur budgétaire est-elle l’instrument rampant de restructuration de l’offre de soins ? », s’interroge le syndicat qui appelle de ses vœux une solution budgétaire « équitable ».
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