« On estime que 15 à 20 % des femmes en âge de procréer souffrent d’endométriose, ce qui représente 4 à 6 millions de malades en France », souligne le Dr Erick Petit, radiologue au sein du Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph (GHPSJ) et fondateur du Centre de l’endométriose GHPSJ.
Une pathologie organique
« La maladie est provoquée par une chute de la muqueuse utérine dans le muscle, suivie de contractions qui envoient les cellules endométriales dans les trompes voire dans d’autres organes », rappelle le radiologue. Ces cellules peuvent rester localisées dans le muscle utérin (adénomyose), toucher le péritoine (endométriose superficielle), former un kyste au niveau de l’ovaire (endométriose ovarienne) voire former de nodules qui atteindront d’autres organes comme la vessie, le rectum, le côlon, le diaphragme ou la paroi pelvienne (endométriose profonde). De façon plus rare, ces nodules peuvent toucher l’appareil respiratoire et ophtalmique. « Dans 30 à 40 % des cas, les femmes connaissent des problèmes d’infertilité, généralement avec les formes sévères », précise le médecin.
De nombreux tabous, notamment sur les douleurs liées aux règles, mêlés à des facteurs culturels, font que la maladie est mal connue, « y compris des professionnels de santé », regrette le Dr Petit. « Il faut absolument sortir du schéma de la maladie psychique », insiste-t-il. « C’est une pathologie organique qui, ensuite, touche la psyché », ajoute-t-il.
Par ailleurs, du fait de la multiplicité des symptômes, de l’absence de corrélations anatomocliniques, l’endométriose peut être difficile à diagnostiquer. Or, plus le diagnostic est tardif, plus la pathologie est étendue et plus elle est difficile à traiter.
Douleurs et infertilité : les signes d’alerte
« En consultation, les signes cardinaux qui doivent alerter sont les dysménorrhées, les dyspareunies profondes et l’infertilité », souligne le Dr Petit. Le diagnostic doit reposer sur un interrogatoire « précis et attentif » suivi d’une imagerie effectuée par un radiologue référent ayant une bonne connaissance de l’endométriose et de son diagnostic, si possible en centre expert. « À défaut, une IRM pourra être effectuée », précise le spécialiste.
« Dans 60 à 70 % des cas, une prise en charge de la douleur et un traitement hormonal adapté permettant d’arrêter les règles suffiront à stopper la maladie », souligne le radiologue. Pour les autres cas, il faudra d’abord opérer avant de prescrire un traitement hormonal. « Dans les formes sévères de la maladie, l’opération augmente de 40 à 50 % les chances d’être enceinte spontanément », précise le Dr Petit. En cas d’échec, une fécondation in vitro sera proposée à la patiente. Quant aux douleurs, elles sont améliorées dans 80 % des cas.
Prise en charge multidisciplinaire
L’endométriose nécessite une prise en charge multidisciplinaire intégrant gynécologie, radiologie, chirurgie, algologie, assistance médicale à la procréation, psychologie, voire techniques non médicamenteuses pour la gestion de la douleur (ostéopathie, hypnose, sophrologie ou acupuncture). « Il est également nécessaire de discuter des dossiers les plus complexes en réunion de concertation pluridisciplinaire », ajoute le radiologue.
« Cette pathologie, qui nécessite une approche personnalisée, concerne aussi bien l’hôpital que la médecine de ville », souligne le fondateur du centre endométriose GHPSJ, créé en septembre 2007 et intégrée au sein d’un réseau ville-hôpital (resendo).
Déplorant le faible nombre de structures dédiées à la maladie par rapport au nombre de femmes concernées, le médecin conclut : « Il faut plaider pour la multiplication des centres experts et réseaux multidisciplinaires ville-hôpital car, plus un médecin voit d’endométriose, plus on multiplie les chances de bien diagnostiquer la maladie. »
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