L’unité de maternologie de Saint-Cyr-l’École, dans les Yvelines, créée en 1987 pour prendre en charge les mères et leur bébé confrontés à des difficultés relationnelles, est sous le coup d’une transformation. D’hospitalisation à temps complet, ce petit service dépendant du centre hospitalier Jean-Martin Charcot situé à Plaisir (Yvelines), qui compte quatre « suites parentales », pourrait devenir exclusivement ambulatoire.
Ce projet est un non-sens, selon le Dr Marc Pilliot, pédiatre à Roubaix et au pôle mère-enfant du centre hospitalier de Tourcoing, membre fondateur de l’Initiative Hôpital Ami des bébés (IHAB) en France.
Ce médecin, sans lien avec le service de maternologie en question, a pris la plume dans une lettre ouverte au Directeur de l’hôpital Charcot, Jacques Berard, relayée notamment par l’association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).
Il y exprime sa « vive inquiétude » : « Plus de 10 % des mères se retrouvent avec des difficultés, à des degrés variables. Autrefois il y avait tout un village pour s’occuper d’un enfant. La maternologie, avec son approche "contenante" et son accompagnement "à temps plein" joue le rôle du village d’autrefois : cette présence continue permet d’étayer la mère tout en évitant une séparation mère-bébé qui serait délétère », écrit-il.
Fermer l’unité la nuit lui ferait perdre toute pertinence. « C’est le soir que la détresse maternelle, même chez des mères solides, peut être la plus intense face aux comportements irrationnels des bébés », explique-t-il au « Quotidien ».
La T2A en cause
« Ces mères ne souffrent pas de maladies psychiatriques. Les placer en unité psy risquerait d’être stigmatisant, alors qu’elles ressentent déjà de la culpabilité et de la honte à ne pas parvenir à établir une relation avec leur enfant », poursuit le Dr Pilliot.
Selon le pédiatre, les professionnels de santé dans les maternités où les mères ne séjournent que quelques jours passent parfois à côté de ces souffrances maternelles, tout autres que le « baby blues ». « Les difficultés de ces mères peuvent se réveiller un mois et demi après l’accouchement et ce service de maternologie peut être très utile pour les accompagner dans le rétablissement du lien avec leur enfant ».
In fine, Le Dr Pilliot met en cause la tarification à l’activité (T2A), qui ne permet pas de valoriser de telles structures.
En réponse, la direction de l’hôpital Chariot met en avant la nécessaire modernisation de l’offre de soins en périnatalité. En rebaptisant l’unité de maternologie « Unité parents bébés » et en la rattachant au pôle de psychiatrie infanto-juvénile du secteur de l’Ouest de Versailles, « le nouveau projet permettra de développer une hospitalisation de jour, une équipe mobile de périnatalité, une consultation des pères ainsi qu’un certain nombre de consultations spécialisées », explique l’hôpital. L’accent sera mis notamment sur le travail en réseau.
La direction ne nie toutefois pas que « la question du rapport coût-efficacité de cette unité est aujourd’hui à l’étude ».
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