Jean-Marc Ayrault a dialogué avec de nombreux médecins lors de son déplacement à Grenoble, vendredi 8 février, au terme duquel il a posé les jalons d’une réforme d’envergure du système de santé. Avant d’annoncer la constitution d’un comité de sages, le Premier ministre s’est successivement entretenu avec plusieurs médecins hospitaliers du CHU. Il a conversé avec des responsables du pôle couple-enfant au sein de la maternité de niveau 3 qui assure 3 000 accouchements par an, et des neurochirurgiens qui lui ont présenté un programme de neurostimulation cérébrale pour combattre notamment la maladie de Parkinson.
Le chef du gouvernement a profité de ce voyage pour rencontrer les urgentistes démissionnaires du CHU isérois à qui il a assuré le « soutien de l’Etat ». Il a achevé son déplacement marathon dans un pôle de santé de Saint-Martin d’Hères, qui rassemble 16 professionnels libéraux.
La PDS, comment ça marche chez vous ?
Le Premier ministre s’est enquis du ressenti des professionnels de santé libéraux sur plusieurs dossiers. Il leur a ainsi demandé quels « enseignements », ils tiraient de l’expérimentation des nouveaux modes de rémunération avant de les interroger sur l’organisation de la permanence des soins - « comment ça marche chez vous ? » - ou sur la qualité de la communication entre la ville et l’hôpital.
« Il est impossible de faire passer un patient directement dans un service à moins de contacter directement son chef, lui a ainsi appris le Dr Dominique Lagabrielle, médecin généraliste du pôle. Tous les patients doivent passer par les urgences avec de longs délais, des conditions d’accueil catastrophiques, et parfois des retours d’informations tardifs. » Diplomate, le Premier ministre a concédé qu’il y avait « des progrès à faire » : « le but n’est pas de régler les comptes entre les institutions mais de pointer les difficultés et de les résoudre. L’enjeu est de faire partager cette réforme par le plus grand nombre. »
Quelques minutes après cet échange, Jean-Marc Ayrault prononçait un discours pour lancer une nouvelle stratégie de santé. Il y soulignait l’urgence de « réorganiser le système de santé » et « d’améliorer la coordination entre les praticiens et les établissements ». A cette occasion, le Premier ministre a appelé à une refonte du parcours de soins en clarifiant le rôle de la médecine de premier recours et de l’hôpital « où les épisodes aigus doivent être pris en charge ».
Le lancement de la stratégie nationale de santé par Jean-Marc Ayrault a été accueilli avec prudence par de nombreuses organisations professionnelles. L’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers ( INPH ) relève pour sa part la « volonté de dialogue » du gouvernement et se dit prêt à s’engager dans les groupes thématiques de travail.
Le syndicat présidé par le Dr Rachel Bocher veut que cette concertation permette d’obtenir des réponses à l’ensemble des problématiques hospitalières, qu’il s’agisse de la « démographie médicale, de l’engorgement des urgences ou de la politique de santé mentale ».
De son côté, la Fédération de l’hospitalisation privée ( FHP ) a déploré l’absence dans le comité des sages de représentants du secteur libéral. « Le secteur de l’hospitalisation privée entend apporter de façon active, constructive et innovante sa contribution », souligne la FHP .
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