Après avoir quintuplé leur déficit entre 2016 et 2017, les CHU français reprennent des couleurs, du moins sur le terrain comptable. Les 32 établissements ont conclu l'exercice 2018 avec un déficit global de leur budget principal à 164 millions d'euros, soit presque deux fois moins que l'année précédente (306 millions d'euros). Le résultat net comptable s'affiche en déficit de 102 millions d'euros, là aussi réduit de moitié (212 millions un an plus tôt).
Une nette diminution qui s'explique, selon la conférence des directeurs généraux de CHU, par la « poursuite des plans de retour à l'équilibre dans les établissements déficitaires ». Les managers saluent « une amélioration globale des résultats » mais notent « des dynamiques différentes selon les établissements ». Le budget global des 32 CHU (total des produits) représente près de 31,8 milliards d'euros.
5 CHU concentrent 80 % du déficit total
Paradoxalement, la proportion d'établissements déficitaires s'est légèrement accrue (14 CHU sont à l'équilibre ou en excédent, 18 sont déficitaires). Mais surtout, parmi les établissements en difficulté, une poignée d'entre eux tirent les résultats vers le bas. « Cinq CHU concentrent 80 % du déficit total », précise la conférence.
L'activité a été « soutenue » en volume tout au long de l'année passée avec une progression globale de 1 % des séjours et un dynamisme de l'activité ambulatoire (+1,9 % de séjours sans nuitée et séances). Quasiment stable en 2017 (-0,2 %), l'hospitalisation complète a connu une diminution plus marquée (-0,9 %). Cette évolution de l'activité a rendu « encore plus complexe la gestion de la contrainte financière, qui est demeurée très exigeante sur les recettes d'activité et les dotations forfaitaires de nos CHU », souligne la conférence. Et pour cause : l'hospitalisation complète représente toujours 85 % du total des recettes de tarification à l'activité (T2A) des CHU.
En parallèle, la campagne tarifaire 2018 a abouti à une baisse de 0,5 % des tarifs des séjours hospitaliers et même de 0,7 % sur le case mix des CHU, plus exposés à la prise en charge des séjours lourds.
Maîtrise de la masse salariale à +0,7 %
Côté dépenses, les CHU se félicitent d'avoir réussi à limiter à 0,7 % l'évolution de leur masse salariale en 2018 (+2,2 % en 2017) et ce malgré « l'impact des mesures réglementaires externes et la hausse du nombre d'internes et étudiants rattachés aux CHU ». Un résultat acquis grâce à une évolution maîtrisée de 1,5 % des effectifs médicaux seniors et un repli de 0,6 % des personnels non médicaux « sous l'effet des plans de retour à l'équilibre en cours dans certains CHU ». Le rétablissement du jour de carence en 2018 dans la fonction publique a permis d'amortir l'impact haussier de la masse salariale (pour un effet de -0,15 %).
La conférence précise que la marge brute des CHU est restée stable à 5,7 % (aides financières comprises).
Toutes ces contraintes financières pèsent sur la capacité d'investissement des CHU. En 2018, l'effort d'investissement (à hauteur de 1,57 milliard d'euros) s'est élevé seulement à 4,9 % « alors qu'il devrait atteindre au moins 8 % selon les référentiels de l'IGAS et de l'IGF », se désolent-ils. La dette financière globale dépasse les 11,7 milliards d'euros en 2018, soit près de 37 % de leur budget.
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