Entre 2013 et 2019, le nombre total de lits de soins critiques – réanimation, soins intensifs et surveillance continue – est passé de 18 336 à 19 604. Cette progression de plus de 1200 lits (+ 7 % sur la période) va à l'encontre des voix dénonçant une pénurie aggravée des capacités hospitalières tricolores.
Partant de ce constat, le Conseil national professionnel d'anesthésie réanimation et médecine pério-opératoire (CNP ARMPO), qui regroupe les composantes scientifiques, syndicales et universitaires de la spécialité (SFAR, SNPHARe, SNARF, SNJAR, CNEAR, SMARNU et CNU) publie un livre blanc dans lequel il recommande de mettre l'accent sur la formation de personnels dédiés et mobilisables rapidement. « Non, augmenter le nombre de lits de réa en France n'est pas la solution miracle! », plaide le document.
Réponse rapide
Pour faire face à une crise sanitaire telle que celle du Covid, « c'est en réalité l'élasticité du système qui est l'élément clé », assure le Dr Franck Verdonk, vice-président du CNP ARMPO. Or, « celle-ci dépend quasi exclusivement des ressources humaines qui l'animent, en particulier des infirmiers et aides-soignants ». Outre le fait d'« obtenir un recensement précis et en temps réel du nombre de lits disponibles », aux niveaux national et régional, le livre blanc insiste sur la nécessité de créer une réserve soignante de soins critiques.
Telle qu'elle est imaginée, cette réserve prendrait la forme d'une liste de personnels paramédicaux (infirmières et aides-soignantes principalement) et médicaux (anesthésistes-réanimateurs et intensivistes) mobilisables en urgence lors de tensions sur les capacités de soins critiques. Elle concernerait aussi certaines fonctions support comme « le bio-nettoyage, l'informatique, le secrétariat ou la logistique », précisent les auteurs. Pour offrir un cadre formalisé à ce dispositif de renfort, une plateforme numérique dédiée faciliterait la logistique et un passeport numérique individuel permettrait d'assurer la formation et le maintien à niveau des réservistes.
Pour prévenir les admissions en soins critiques, des « équipes de réponse rapide » seraient mises en place afin d'intervenir dans les unités conventionnelles. Celles-ci « pourraient être sollicitées pour un trouble du rythme cardiaque, une baisse de la pression artérielle, une augmentation de la fréquence cardiaque », cite le rapport.
Formation diplômante pour les infirmiers
Le besoin de personnels formés et compétents ne concerne pas que les situations d'urgence. Le CNP ARMPO suggère d'augmenter le nombre d'infirmiers et d'aides-soignants dans les unités de soins critiques. En effet, « environ 10 % des lits de réanimation autorisés ne sont pas en activité et, de fait, n'accueillent pas de patients, faute de professionnels paramédicaux nécessaires à leur fonctionnement », peut-on lire.
Augmenter le ratio de soignants spécialisés par patient permet non seulement une plus grande élasticité en cas de tension mais « diminue significativement la mortalité, la durée de séjour et, in fine, s'avère économiquement rentable ». Il est ainsi proposé de créer une formation diplômante pour les infirmiers en soins critiques. Car la mobilisation des 10 000 IADE exerçant actuellement dans les hôpitaux n'est pas aisée compte tenu de leur valeur ajoutée sur les plateaux interventionnels.
Enfin, le rapport entend rassurer les Français sur les soins critiques via un « portail d'information national » à destination de tous les usagers. « Aujourd'hui, plus de 80 % des personnes admises en soins critiques connaissent une issue favorable, rappelle le livre blanc, et ce chiffre est en constante augmentation. »
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique