Le plan blanc, qui permet d'organiser la prise en charge des patients en cas de crise, a été déclenché le 24 mars 2025 au CHU de Guadeloupe, affecté depuis plusieurs jours par une « panne informatique majeure », a annoncé la direction ce lundi. Il ne s’agit pas d’une cyberattaque, mais les effets semblent tout aussi dévastateurs. « Le retour à la normale envisagé initialement » mercredi 26 mars « est différé », indique la direction, en dépit du « rétablissement des applicatifs et des connexions wifi et des remises en service progressives ». « Des pièces sont en cours d'acheminement pour parachever la rénovation de certaines installations techniques et sortir définitivement de cette crise », précise-t-elle.
La panne, « liée à la défaillance d'une baie de stockage des applicatifs et des données affecte les serveurs ayant une incidence sur les unités de soin, les rendus d'examens et le bureau des entrées », avait indiqué ce week-end le CHU, précisant que des « procédures dégradées » étaient « mises en place pour assurer la prise en charge des patients ».
Déprogrammations d’hospitalisations et report des interventions et examens
« L'impact est important sur l'offre de soins », a ajouté ce lundi la direction, qui rappelle les mesures prises pour maintenir le service : « déprogrammation ciblée de toutes les hospitalisations, interventions et examens qui sont différables, tant pour les services de chirurgie que de médecine, sortie des patients hospitalisés qui ne nécessitent plus de soins », « activation de procédures spécifiques alternatives par service quand c’est nécessaire », ou encore « l'adressage en laboratoire de ville pour des bilans biologiques non urgents ».
« Les données médicales des patients n’arrivent plus sur le système et il faut donc reprendre le papier et le stylo pour écrire les résultats. La situation est catastrophique, cela n’est pas normal », s’énerve Rony Tille, secrétaire général de la CGT de l’établissement et aide-soignant interviewé par RMC.
« La saturation des urgences requiert toute notre vigilance », insiste encore la direction, qui lance un « appel à la solidarité des autres établissements du territoire » et exhorte les usagers à la prudence en « vue des festivités de la mi-carême [jeudi 27 mars] pour ne pas surcharger l'activité hospitalière ». Le week-end dernier, l’établissement avait indiqué que « les examens, consultations et hospitalisations non urgents (seraient) reprogrammés » et a appelé « les usagers à faire preuve de prudence en limitant leur recours au service des urgences aux situations critiques ».
Climat de crise chronique
Cette panne qui provoque des dysfonctionnements importants au sein du CHU – déjà confronté à trois incendies successifs dont un fin 2017 et le dernier en mars 2024 - ne fait pas l’affaire de la gouvernance, confrontée à de multiples difficultés alors que la reconstruction du CHU aux Abymes, prévue depuis plus de dix ans, doit être finalisée pour septembre. En témoigne une lettre postée sur les réseaux sociaux fin février par le Pr Laurent Larifla, chef du service de cardiologie, qui a exhorté sa direction à « sortir du climat de crise chronique et du fonctionnement général en mode dégradé qui affecte notre CHU ». Le courrier était particulièrement salé. Le médecin y évoquait « un outil qui souffre, depuis plusieurs années d’un manque de services, d’une absence de chefs de service spécialisés, de personnels placés au mauvais endroit ou encore d’une désertion pure et simple des compétences face à l’absence de projets ». Ce nouveau CHU ne pourra pas faire l’économie d’« une politique de recrutement sérieuse et de l’élaboration d’un projet d’établissement clair », recommande le chef de service.
Avec AFP
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