C’EST UN PARADOXE : alors que la réforme des retraites, annoncée comme le piège social de la rentrée, est passée comme une lettre à la poste, l’examen par les députés en séance publique du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (à partir de mardi et toute la semaine) pourrait en revanche occasionner quelques sueurs froides à Marisol Touraine.
Car même si ce budget 2014 n’a rien de spectaculaire, il soulève des inquiétudes profondes dans divers secteurs de la santé, comme l’a encore montré le passage du texte en commission des affaires sociales la semaine passée.
Ponctionnée d’un milliard d’euros, l’industrie pharmaceutique vit ce PLFSS comme « un reniement » des engagements gouvernementaux sur le soutien à une filière pourtant reconnue comme stratégique. Cette crispation intervient alors qu’une étude vient de montrer que seulement 4 nouveaux médicaments sur les 53 autorisés dans l’Union européenne entre 2012 et mi-2013 ont fait l’objet d’une demande de production en France, suggérant la nécessaire restructuration du secteur.
De leur côté, les cliniques sont montées au front la semaine dernière pour dénoncer la mise en œuvre de tarifs dégressifs dans les établissements en fonction des volumes d’activité, un mécanisme considéré comme « un non-sens médicoéconomique ». La guerre tarifaire avec les hôpitaux est relancée.
Même s’ils ne sont pas mis directement à contribution, les assurés ne se retrouvent pas non plus dans ce PLFSS. Pour le collectif interassociatif sur la santé (CISS, usagers), le texte est « déconnecté » de la stratégie nationale de santé - faute de financement de la prévention, de mesures de régulation de l’offre de soins ou de renforcement de la démocratie sanitaire.
Dénonçant une forme de duplicité entre les promesses et les actes, la Mutualité française a, elle aussi, condamné un PLFSS qui constitue « un empilement de mesures pensées dans l’urgence, sans concertation avec les principaux acteurs ». La fiscalité autour des contrats responsables mais aussi le manque de lisibilité, à ses yeux, du futur contrat d’accès aux soins cristallise le courroux mutualiste.
Si l’on ajoute les mouvements d’humeur des travailleurs transfrontaliers et les craintes des pharmaciens (dispensation à l’unité, contrats de coopération commerciale...) le débat parlementaire devrait, malgré tout, être tonique.
Directeur d’hôpital, un « métier exigeant et d’engagement » dont il faut « prendre soin », plaide l’ADH
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?