Ce sont des chiffres inquiétants mais qui tombent à point nommé alors que la quasi-totalité des syndicats de praticiens hospitaliers sont aujourd'hui mobilisés, à l'occasion de mouvements de grève lundi 3 et mardi 4 juillet, pour l'attractivité des carrières médicales et la revalorisation de la permanence des soins.
Le Centre national de gestion (CNG, qui gère les carrières) fait état d'une nette baisse du nombre de candidatures lors du tour de recrutement de printemps des praticiens hospitaliers (PH). Celui-ci en a reçu 3 364 pour… 10 846 postes vacants publiés, contre 4 056 candidatures à la même période en 2022, soit une baisse de 17 %.
Le CNG a « décidément de plus en plus de peine à mobiliser des candidats pour renforcer les rangs des PH », résume sur Twitter le Dr David Beausire, généraliste, médecin d'HAD, soins palliatifs et de support oncologique, président de CME.
3364 candidatures reçues pour 10846 postes ouverts.
— Dr David Beausire (@Dzb_Dix_sept) June 29, 2023
Le CNG a décidément de plus en plus de peine à mobiliser des candidats pour renforcer les rangs des PH.
A mettre en correlation avec le nombre de départs en retraite, le nombre…https://t.co/r6GRZKVWVv https://t.co/DuILBVfO1N
Pour Eric Guiheneuf, biologiste hospitalier au CHU Amiens-Picardie, la baisse du nombre de candidatures souligne le manque d'attractivité des carrières hospitalières.
3364 candidatures pour plus de 10 000 postes de PH vacants au 1er tour de recrutement 2023. Plusieurs centaines de moins qu'en 2022. Et il n'y aurait pas de problème d'attractivité des carrières hospitalieres ?@ActionPratHopithttps://t.co/YJj5nHODxN
— Eric Guiheneuf (@DrEricGuiheneuf) June 29, 2023
Auvergne Rhône-Alpes en pole position
Dans son tour de recrutement de printemps, le CNG précise toutefois que la région offrant le plus de postes à pourvoir est l’Auvergne Rhône-Alpes avec 1 333 postes. Les Hauts-de-France et la Normandie sont quant à elles les régions les plus attractives « ayant reçu à elles deux 567 candidatures », soit un taux de 27,50 % par rapport aux postes proposés.
D'autres signaux sont préoccupants. En 2021/2022, le taux de vacance de postes de PH a frôlé les 32 %, un record. Parallèlement, alors qu’en dix ans le nombre de praticiens a globalement progressé de 10 %, c'est désormais l'augmentation des démissions qui est au centre des préoccupations : 15,8 % des PH à temps plein ayant quitté l'hôpital l'ont fait sous la forme d'une démission en 2021 (contre 13,5 % l'année précédente). Raison pour laquelle le CNG avait lancé en mars une campagne pour attirer les PH et « changer de regard » sur le métier.
« 30 % des postes de PH sont vacants, voire 40 % dans certaines spécialités », tandis que « le taux de mise en disponibilité est très élevé », insiste le Dr Jean-François Cibien, président de l’intersyndicale Action praticiens hôpital (APH). Des chiffres à mettre en relation avec les démissions de PH qui ont, selon lui, « augmenté de 500 % depuis les accords du Ségur. C’est du jamais vu », déplore l’urgentiste du CH d'Agen-Nérac.
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