À quatre jours de la remise du rapport de Pierre Carli sur les urgences, l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) se rallie à l’appel de SAMU-Urgences de France, pour que l’ensemble des urgentistes cessent, le 15 octobre, de chercher les lits d’hospitalisation.
Selon le président de l’AMUF, le Dr Patrick Pelloux, « dans les centres les plus embouteillés, il manque parfois 10 % des lits. On passe un tiers de notre temps à chercher des lits, à négocier avec les autres services et donc à ne pas vider la salle d’attente ». « Il faut au moins empêcher les fermetures de lits », réclame-t-il.
Tout l’hôpital doit se mobiliser : les directeurs, qui, statutairement, sont responsables des hospitalisations, et tous les services. « Il faut lever les verrous institutionnels et aller à l’encontre d’une culture incompréhensible qui fait que certains services n’acceptent pas d’hospitalisation la nuit, le week-end et les jours fériés », explique le Dr Pelloux. « Le problème, c’est l’aval », insiste-t-il.
Conditions de travail
Plus largement, l’AMUF dénonce les conditions de travail des urgentistes, responsables, selon elles, de la pénurie de médecins. « Si on ne dépassait pas les 39 heures, si les heures supplémentaires étaient comptabilisées, si on décomptait le temps de travail par heures et non par demi-journées, si le travail de nuit et les jours fériés étaient valorisés, les services feraient le plein », estime le président de l’association.
Selon Patrick Pelloux plusieurs mesures seraient à même de réduire la pénibilité du travail des urgentistes et de désengorger les urgences : politique d’emploi dans les services, moindre recours à l’intérim, réouverture des lits, notamment polyvalents, maintien des structures de proximité, embauche d’assistantes sociales dans les urgences ainsi que de psychiatres et de pédopsychiatres...
L’AMUF salue certaines mesures présentées par Marisol Touraine dans le cadre de la stratégie nationale de santé, comme le tiers payant généralisé (« ça marche pour les pharmacies, ça doit marcher pour tous les médecins, et pas seulement les généralistes. Et ce n’est pas gratuit vu que cela repose sur les cotisations sociales ») ou l’accent porté sur la prévention. « Mais il faut aller vite. Il faut une grande conférence sociale et du personnel en nombre dans les services », réclame le Dr Pelloux.
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