L’hôpital est très énergivore et participe donc à l'effet de serre. Il constitue également une source de pollution via les nombreux déchets. Les effluents liquides ont des conséquences potentielles en santé humaine et peuvent exposer aux risques de nouvelles maladies. Au niveau économique enfin, l’hôpital est un grand consommateur de matériel à usage unique qui est ensuite détruit.
Une responsabilité sociétale
« Les établissements de santé ont donc une véritable responsabilité sociétale », estime Olivier Toma, fondateur de Primum non nocere, société spécialisée dans l'accompagnement des entreprises et collectivités dans leur démarche de développement durable. « S'engager dans le développement durable à l'hôpital est un vrai projet qui va diminuer les impacts sur l’environnement mais aussi réduire les coûts et créer des emplois. Le changement ne peut venir que d'un engagement collectif et individuel. Il faut identifier les impacts, puis trouver des solutions pour les réduire et enfin les appliquer à tous les niveaux », poursuit Olivier Toma.
La réduction de la consommation énergétique, qui doit être de 38 % entre 2009 et 2020 selon le Grenelle de l’environnement, se fonde en partie sur l'investissement dans les technologies innovantes et dans la gestion quotidienne du bâtiment. La gestion des déchets au bloc opératoire passe par un meilleur tri et leur valorisation : dispositifs à usage unique en métal, ouate de cellulose ou matières plastiques jetables peuvent être recyclés. Le « reprocessing » du métal à usage unique est une réelle source d'économie sans risques pour la santé. Les tubulures plastiques des déchets d'activité de soins à risque infectieux (DASRI) peuvent être revalorisées en fuel. Les dispositifs à usage unique utilisés en cardiologie contiennent des métaux précieux, or et platine, qui sont également revalorisables.
L'impact des activités hospitalières en santé humaine et animale est un autre axe de progrès. La gestion des effluents gazeux doit répondre à des protocoles précis afin qu'aucune femme enceinte ne soit à leur contact. Le circuit d'élimination des effluents liquides est quant à lui très peu organisé dans notre pays. « On peut s'étonner que les vétérinaires aient l'obligation de récupérer les excrétas d’animaux durant les 48 heures après une chimiothérapie, alors qu'aucune mesure n'est préconisée chez l'homme, souligne Olivier Toma. Il en est de même pour les produits d'anesthésie. Les résidus se retrouvent ainsi dans les boues qui partent en épandage ».
Il est également important de prendre en compte les interactions entre les produits médicamenteux liquides, et les phtalates contenus dans les poches en plastique.
Il ne s’agit là que de quelques exemples, mais l’enjeu est majeur. « Il importe aujourd’hui d'identifier les impacts et de mettre en place des plans d'action engageant l'ensemble de la communauté de soins dans une démarche d'écoconception des soins, estime Olivier Toma. Au-delà de leurs bénéfices environnementaux et économiques, ces mesures créent du lien social et améliorent le bien-être et la santé au travail. »
D'après un entretien avec Olivier Toma, fondateur de Primum non nocere.
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