Toujours pas de porte de sortie en vue au centre hospitalier Sud Francilien (Essonne), livré début 2012 par Eiffage. L’hôpital et le constructeur sont liés pendant 30 ans par un bail emphytéotique. Avec d’un côté un loyer de 52 millions d’euros à verser à Eiffage, de l’autre un déficit qui dépasse les 40 millions d’euros, l’hôpital ne s’en sort qu’à coup de dotations exceptionnelles.
L’établissement se restructure pour ne pas sombrer. Un plan de retour à l’équilibre financier court jusqu’en 2016. « Ce plan privilégie le développement de l’activité de l’hôpital avec l’objectif de générer 30 millions d’euros de recettes supplémentaires d’ici à 2016 », indique Jean-Michel Toulouse, le directeur. Ce n’est pas tout. Compression de la masse salariale, réduction du nombre de RTT, réorganisation du travail... En clair, il faut travailler plus en étant moins nombreux.
Les syndicats réclament l’abandon pur et simple du partenariat public privé (PPP), le plus important de France dans le secteur hospitalier. L’exécutif, qui hérite là d’un dossier très embarrassant, n’y semble pas disposé. Du moins pas encore.
Un hôpital déficitaire car surdimensionné ?
La députée communiste Jacqueline Fraysse a récemment interpellé Dominique Bertinotti à l’Assemblée nationale. Réponse de la ministre de la Famille : « Ce déficit provient essentiellement de la situation juridique dans laquelle se trouve le CHSF. (...) Le bâtiment qu’il occupe étant surdimensionné, il génère un déficit structurel d’activités et donc de recettes, alors même que ses échéances en termes de loyer, elles, vont croissant. » Ce praticien du CHSF n’est pas d’accord. À ses yeux, le problème numéro un de l’hôpital n’est pas son surdimensionnement mais « le sous-effectif majeur, et la lourdeur de l’organisation ».
Le gouvernement, pris au piège d’une situation a priori inextricable, a mis en place une mission d’appui IGAS IGF en février. En parallèle, l’ARS Ile-de-France réorganise l’offre de soins en Essonne. Trois hôpitaux de l’AP-HP (Bicêtre, Paul-Brousse, Antoine-Béclère) et le CHSF viennent de signer un accord de coopération, prévoyant des participations croisées aux staffs, la mise en place de filières, l’accueil d’internes, le partage d’équipements...
Est-ce assez ? La direction du CHSF se garde bien de critiquer ouvertement le PPP. Elle joue la carte du dialogue social autant que faire se peut. Une nouvelle séance de négociation se tiendra le 5 avril. Médecins et soignants sont dubitatifs. L’association de défense du CHSF continue de son côté de réclamer l’accès au bail emphytéotique et au rapport que l’IGAS et l’IGF ont consacré à l’établissement il y a quelques années.
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