« Hello, je suis de garde cette nuit au NHC [Nouvel Hôpital Civil, NDLR] et trois chambres sur cinq sont occupées par des personnes inconnues […]. Le service de sécurité est au courant que des personnes sans domicile fixe (SDF) dorment dans nos chambres, les seniors des urgences également, ça ne dérange personne à part nous apparemment », rapportait mercredi 18 décembre, aux alentours de minuit, un étudiant strasbourgeois durant une garde, sur une boucle privée Facebook regroupant plusieurs externes.
Selon plusieurs témoignages d’étudiants, cette situation serait loin d’être isolée. « Les chambres ne sont pas occupées tous les soirs, heureusement, mais cette situation dure tout de même depuis des mois, témoigne une externe strasbourgeoise contactée sur le réseau Twitter. Jusqu’à maintenant, j’en avais seulement entendu parler par du bouche à oreille mais là, c’est arrivé hier soir [nuit du 18 au 19 décembre] à un camarade. Ces chambres sont censées être protégées par des codes. Comment c’est possible d’en arriver là ? »
Défaut de sécurité ?
Face à cette situation, l’équipe chargée de la sécurité de l’hôpital n’aurait que partiellement réagi, d’après des témoignages d’étudiants. « On a appelé la sécurité, mais ils nous ont dit qu’ils [les feraient partir] au moment d’aller se coucher, qu’avant ça ne valait pas la peine », écrit un autre externe sur la boucle de conversation privée. Sur Twitter, cet immobilisme a agacé de nombreux étudiants qui n’ont pas hésité à interpeller directement la direction de l’hôpital. « @CHRUStrasbourg Êtes-vous au courant ? On restreint les badges des externes mais n’importe qui peut entrer à l’hôpital ? »
Contacté, Jérémy Darenne, élu à l'UFR de l'Université de Strasbourg et ancien président de l'Anemf, assure, de son côté, que l'incident « a été remonté à la direction du CHU » . « Nous n'avons aucun doute sur le fait que la direction prendra les mesures appropriées pour que cela ne se reproduise pas, car cela ne concerne pas seulement les étudiants, mais aussi les médecins et les patients. L'essentiel est qu'il n'y ait eu aucun incident à déplorer : ni altercations, ni violences, ni quoi que ce soit. Désormais, il est important de prendre conscience des failles de sécurité existantes pour éviter que cette situation ne se reproduise », résume-t-il. Contactée à plusieurs reprises, la direction, de son côté, n’a pas répondu à nos sollicitations.
À la suite de cet événement, plusieurs étudiants et médecins, y compris en dehors de Strasbourg, ont rapporté, sur les réseaux, avoir vécu des situations similaires dans d'autres établissements.
Selon la Fondation Abbé Pierre, près de 300 000 personnes vivaient, en 2023, sans domicile fixe en France. Un chiffre qui a considérablement augmenté ces dix dernières années, malgré l’engagement pris par Emmanuel Macron en 2017 de « loger tout le monde dignement ».
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