À l’occasion des Universités d’hiver de la Fédération nationale de l’hospitalisation à domicile (Fnehad), le 11 décembre, la Dr Élisabeth Hubert a une fois de plus défendu les intérêts du secteur, dont le dynamisme ne semble guère ébranlé par la situation gouvernementale. « L’instabilité politique que nous vivons depuis deux ans n’a pas porté préjudice au fond des dossiers que nous tentions de faire avancer, a lancé la présidente de l’organisation et ancienne locataire de Ségur. Le prochain ministre de la Santé aura ainsi le bonheur de signer des textes qui n’ont aucune contestation possible. »
Depuis plusieurs années, l’activité en hospitalisation à domicile ne cesse de progresser. En 2023, les 281 établissements d’hospitalisation à domicile (HAD) ont réalisé 278 873 séjours, soit une hausse de +9,1 % par rapport à 2022. Plus de 7,1 millions de journées ont été enregistrées par le secteur.
En pole position sur les soins palliatifs
L’hospitalisation à domicile confirme sa position forte dans les soins palliatifs (plus de 2 millions de journées), qui représente un tiers de son activité. Ces soins ont même progressé de 11 % sur les trois premiers trimestres de l’année 2024 par rapport à 2023.
Suivent les pansements complexes et soins spécifiques (25,5 % des journées), les traitements intraveineux (5,9 %, en augmentation significative de 9 %) et les soins de nursing lourds (5,6 %).
La HAD concerne tous les secteurs du soin. Si le public représente 38 % des structures autorisées, les hôpitaux n’assurent que 23 % des journées. Le privé à but non lucratif s’en sort mieux (40 % des structures, 57 % de l’activité). Le privé commercial représente 22 % des établissements et assure 20 % de l’activité. « Si la dynamique se produit pour le public, cela engendrera une hausse de l'activité même pour les structures qui relèvent du privé », espère Élisabeth Hubert.
Dans l’attente de décrets
Parmi les dossiers structurants pour la HAD qui sont bien avancés, mais qui se trouvent « sous la plume suspendue » du prochain ministre (les décrets manquent toujours), on retrouve les chimiothérapies injectables à domicile qui avaient bénéficié grâce au soutien du ministre de la Santé Aurélien Rousseau, fin 2023, d’un coup de pouce par la création d’un forfait d’adressage versé aux établissements privilégiant la HAD à l’hospitalisation de jour. L’enjeu est également économique, appuie fort à propos la Dr Hubert : une hospitalisation de jour coûte 470 euros (sans compter 150 euros en moyenne de transport sanitaire), contre 250 euros pour une HAD, a insisté la présidente. Dernier avantage intéressant : la HAD a le mérite de libérer des lits.
Mais l’avancée la plus significative porte sur les soins palliatifs. Après avoir capitalisé sur les initiatives de ses adhérents, la Fnehad a développé un projet d’équipe d’intervention rapide HAD pour une prise en charge la plus immédiate possible à domicile pour les patients avancés à un stade de la maladie, en complément des équipes mobiles de soins palliatifs déjà existants. Chaque équipe mobile est composée d’au moins une infirmière et un médecin. Au regard de la pénurie médicale, la présidente, lucide, reconnaît que ce ne sera pas facile de trouver un praticien pour chaque équipe : elle mise donc sur la téléconsultation dans un premier temps suivie d’une consultation en présentiel dans les 24 heures.
Sur le terrain, les demandes proviennent déjà des Ehpad et des Samu. La Fnehad a obtenu qu’une enveloppe nationale de trois millions d’euros soit déléguée aux ARS dès l’été 2024, correspondant au financement de 15 équipes appelées ERI-SP. Quinze autres le seront en 2025.
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