Décidée à se faire entendre dans le débat de la présidentielle, la Fédération hospitalière de France (FHF) a égrainé mercredi une nouvelle salve de propositions de sa plateforme « Ambition Santé 2022 » à l’attention des candidats à la présidentielle. Après les recrutements et la formation en décembre, elle s'est penchée cette fois-ci notamment sur l'accès aux soins et les investissements hospitaliers. L’épidémie « nous a appris que les administrations centrales ne facilitent pas la fluidité des réponses et des parcours de santé », a souligné Zaynab Riet, la déléguée générale de la FHF. Pour répondre au plus près des besoins de soins de la population, la fédération entend s’appuyer sur les hôpitaux de proximité et les groupements hospitaliers de territoire (GHT).
Les premiers disposent d’une « gouvernance adaptée aux réalités locales », puisque les acteurs du territoire peuvent y être associés, selon Marc Bourquin, le conseiller stratégique de la FHF. Autre avantage de l’hôpital de proximité : son mode de financement ne repose pas sur la tarification à l’activité (T2A), ce qui permettra de « contractualiser avec les différents acteurs (ARS, Assurance-maladie, etc.) sur des critères de santé publique de responsabilité populationnelle pour porter des projets en lien avec les difficultés majeures du territoire », a assuré Marc Bourquin. S'agissant des GHT, la FHF propose d’en simplifier le fonctionnement et d’en accroître l’efficacité, notamment « pour accélérer le déploiement des systèmes d’information et coordonner les investissements dans un territoire ».
Faire de la psychiatrie une « grande cause nationale »
Autre proposition phare de la fédération : la psychiatrie devra être la « grande cause nationale » du prochain quinquennat, dans un contexte où l’augmentation de la file active du nombre de patients a été multipliée par trois en 30 ans. La FHF aimerait par exemple améliorer la planification de la réponse aux besoins, en créant une délégation interministérielle « car le secteur de la psychiatrie est au carrefour de différents enjeux sociaux : logement, travail, éducation, justice, etc. », selon Aurélien Sourdille, responsable adjoint du pôle O.F.F.R.E.S. (offre de soins, finances, FHF-Data, recherche, e-santé).
Pour renforcer l’attractivité de la psychiatrie pour les professionnels, la FHF souhaite développer les exercices partagés, accorder une attention particulière aux stages, faire évoluer la discipline en soutenant les prises en charge alternatives à l’isolement, à la contention ou aux soins sans consentement ainsi que le rôle des IPA.
Repenser la pertinence des soins
Alors que 20 % à 30 % des dépenses totales de santé concerneraient des actes non adaptés, la FHF propose de mettre en place des outils de financement allant dans le sens d’une meilleure coopération entre professionnels. Pour ce faire, elle milite pour la généralisation du principe de responsabilité populationnelle, pour que les acteurs de santé d’un territoire donné (ville, hôpital, etc) soient « en charge d’une population définie et disposent d’objectifs d’amélioration des indicateurs de santé publique », a résumé Aurélien Sourdille.
Pour renforcer la collaboration entre les différents acteurs, la FHF propose aussi de booster les rémunérations des acteurs en contrepartie de la fixation d’objectifs de santé publique. Aujourd’hui, « seul l’acte de consultation est rémunéré, mais pas le temps de coordination qui se fait généralement en dehors du temps médical », observe Aurélien Sourdille. Il milite donc pour la mise en place de contrats territoriaux de santé avec l’ensemble des acteurs qui pourrait bénéficier d’un intéressement collectif en fonction de la réalisation d’objectifs : recours à l’hospitalisation, incidence de pathologies chroniques…
Toujours sur la question de la pertinence des soins, la fédération plaide pour une réforme du financement du parcours de soins. Proposée dans le cadre de « Ma Santé 2022 », cette initiative s’est soldée par un « échec » pour la FHF qui a fait allusion au forfait de diabétologie « repoussé pour de longues années » ou au forfait maladies rénales chroniques qui ne s’applique qu’à l’hôpital.
Sanctuariser des ressources pour l'investissement
Enfin, sur le volet investissements, si la FHF a salué l’ampleur du plan Ségur, elle considère que cet effort est insuffisant. En effet, selon la Drees, le service statistique du ministère, le taux d’endettement des hôpitaux est passé de 30 % à 50 % entre 2002 et 2019. Sur la même période, l’effort d’investissement s'est effondré de 10 à moins de 3 % des recettes pour 80 % des établissements en 2018. Afin de garantir sur le long terme les ressources des établissements, la fédération a proposé de sanctuariser au sein de l’Ondam hospitalier une enveloppe investissement à hauteur de 8 % des ressources des établissements publics.
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