Un an et demi après les accords du Ségur, « c’est l’insatisfaction générale qui demeure» a diagnostiqué, mercredi soir Laurence Cohen, la sénatrice du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste (CRCE). Elle s'exprimait, en effet, à l'occasion d'un débat sur les « Oubliés du Ségur » organisé à la demande du groupe socialiste, écologiste et républicain (SER). Occupé à l'Assemblée nationale par l'examen du projet de loi sur le passe vaccinal, Olivier Véran a été remplacé au pied levé par Brigitte Bourguignon, la ministre déléguée chargée de l'Autonomie, pour répondre aux questions des sénateurs.
Ainsi, selon Laurence Cohen - orthophoniste de métier -, le Ségur n’a rien changé au profond malaise du monde de la santé puisqu’il « ne répond ni au manque d’attractivité de la profession ni à la dégradation de leurs conditions de travail ». Quant aux investissements hospitaliers, ceux-ci « consistent essentiellement à la reprise d’une partie de la dette hospitalière » et sont « conditionnés à un retour à l’équilibre, et donc à de nouvelles suppressions de postes », a poursuivi la sénatrice du Val-de-Marne, particulièrement remontée hier.
Les PH exclus du Ségur
Si la plupart des secteurs, des métiers et des statuts liés à la santé ont été évoqués au cours du débat, certains sénateurs, à l’image d’Annie Delmont-Koropoulis (groupe LR) ont tenu à défendre en priorité la cause des médecins. En particulier, les « PH en milieu de carrière » qui sont, selon elle, « aussi les oubliés du Ségur ». Elle a fait référence aux PH titularisés avant le 1er octobre 2020 qui sont à ce jour exclus de la revalorisation sur les trois premiers échelons de la nouvelle grille (quatre ans d’ancienneté pour les PH nommés avant le 1er octobre 2021).
Cette mesure a été « très mal vécue par les praticiens », a poursuivi la sénatrice, elle-même médecin généraliste de profession. Et d’ajouter que des milliers de recours individuels avaient été déposés, tandis que 330 CME ont adopté une motion demandant l’application de cette nouvelle grille à tous. Mais ce dossier est toujours bloqué au ministère, a regretté Annie Delmont-Koropoulis, pourtant persuadée qu’il s’agit de « propositions claires et efficaces pour fidéliser les PH ». D’autant plus que cela ne serait que « que justice, compte tenu de tous les efforts réalisés depuis deux ans dans un hôpital sous tension ».
Brigitte Bourguignon rappelle les engagements tenus
En guise de réponse, Brigitte Bourguignon a tenu à rappeler que les accords du Ségur avaient été signés par les organisations syndicales représentatives des médecins et les fédérations hospitalières, ce qui signifie que « cette méthode et ce calendrier » étaient donc « leur choix ». Selon elle, la fusion des quatre premiers échelons permet d’améliorer l’attractivité à l’hôpital public, notamment des jeunes. Une mesure qui concerne plus de 15 000 praticiens, pour un montant total de 90 millions d’euros.
D’autre part, le gouvernement s’est engagé à reconnaître les fonctions managériales des médecins à l’hôpital avec les primes de chef de service, de chef de pôle et de président de commission médicale, ce qui concerne 25 000 médecins depuis novembre 2021, pour un montant global de 80 millions d’euros, s’est défendue la ministre qui a également évoqué les engagements pris pour améliorer l’attractivité des carrières des HU.
Toujours des exclus
Un peu plus tôt dans la soirée, c’est Annie Le Houerou, sénatrice du groupe SER qui avait exprimé sa colère, estimant que le plan de revalorisation du Ségur avait ciblé au départ « uniquement les catégories de personnels employés par l’hôpital stricto sensu », ce qui avait créé des différences de traitement entre les professionnels du soin.
Conséquence directe : les nombreux exclus du Ségur (éducateurs, assistants sociaux, aides-soignants, agents administratifs, psychologues, puéricultrices, etc.) ont ressenti « un fort manque de considération ». Si elle a admis que le gouvernement avait dans un deuxième temps ajouté de nouveaux bénéficiaires de ces revalorisations en procédant par touches successives, elle a déploré que des catégories de salariés non soignants des secteurs social et médico-social demeurent exclues.
Des chantiers à venir
Initialement prévue avant le 15 janvier 2022, la conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social était censée répondre à l’inquiétude de ces professionnels, mais elle a été reportée « en raison de la crise sanitaire », a justifié Brigitte Bourguignon qui a promis qu’elle se tiendrait dans les prochaines semaines afin d' « apporter des améliorations concrètes » notamment « une révision en profondeur des conditions d’exercice des métiers et du déroulement de leur carrière ».
La ministre a également rappelé qu’elle avait étendu les revalorisations « au-delà de l’ambition initiale », notamment aux personnels non médicaux. Depuis le 1er octobre 2021, l’intégralité des personnels non médicaux des structures sanitaires et médico-sociales financées par l’Assurance maladie bénéficie de la revalorisation de 183 euros par mois. Ceux-ci ont été rejoints depuis le 1er janvier 2022 par les personnels des structures médico-sociales publiques et privées non lucratives intervenant dans le secteur du handicap et des soins à domicile.
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