Après avoir fait des propositions sur les thématiques de la santé publique, l’emploi et la formation, mais aussi sur l'accès aux soins et les investissements hospitaliers, la Fédération hospitalière de France (FHF) a dévoilé ce mercredi une nouvelle salve de propositions, dans le cadre de sa plateforme « Ambition Santé 2022 », à l’attention des candidats à la présidentielle. Elles portent cette fois sur le secteur du grand âge et le financement du système de santé.
Sur ce point, la FHF ambitionne toujours de « simplifier la facturation » et de la rendre plus lisible, en visant « l'absence de reste à charge à l’hôpital public » pour les patients. Elle milite à cet effet pour la facturation directe à l’Assurance-maladie obligatoire de l’intégralité des prestations de soins, ce qui permettrait de libérer du temps administratif pour le « redéployer au niveau des services de soins ». Concrètement, la Sécu proposerait un guichet unique chargé de refacturer la part qui incombe aux complémentaires. Pour Aurélien Sourdille, responsable adjoint du pôle OFFRES de la FHF (Offre de soins, finances, FHF-Data, recherche, e-santé), ce mode de facturation « simplifierait le travail des établissements qui établiraient la facturation pour un seul organisme. Et, pour les complémentaires cela permettrait aussi d’avoir un seul interlocuteur et non des centaines d’établissements de santé ».
Autre proposition : la « forfaitisation des restes à charge » qui dépendent aujourd’hui de plusieurs facteurs (durées de séjour, etc.). Aujourd’hui, ces restes à charge sont « concentrés sur les patients les plus âgés et les plus démunis », observe Aurélien Sourdille. Grâce à cette forfaitisation, « la durée de séjour serait déconnectée du montant du reste à charge », avance Aurélien Sourdille. La prestation de chambre particulière serait intégrée à ce reste à charge forfaitisé.
Au-delà, le président de la FHF, Frédéric Valletoux, estime qu'il convient de poser les jalons « d’un débat national sur l’avenir de notre modèle de protection sociale », y compris en tenant compte du scénario de « Grande Sécu » avancé dans les travaux du Haut conseil pour l'avenir de l'Assurance-maladie (Hcaam).
Grand âge : une loi d'orientation
La réforme du secteur du grand âge est aussi au programme de la FHF. Le lobby hospitalier appelle de ses vœux une « loi d’orientation ambitieuse » pour le grand âge et l’autonomie, et ce dès le début du quinquennat. Elle permettrait de « donner de la visibilité aux acteurs du secteur pour qu’ils puissent développer l’offre et rendre les métiers attractifs », argumente Marc Bourquin, conseiller stratégique de la FHF.
L'objectif est aussi de traduire concrètement les espoirs nés de la cinquième branche consacrée à la dépendance. Frédéric Valletoux évoque le recrutement de « 100 000 personnes » dans le secteur dans les cinq années à venir (+20 000 ETP par an). Plus concrètement, la FHF veut doter tous les Ehpad d'un « socle minimal de temps médical et paramédical, mais aussi de temps de psychologue et d'animateur ». Elle veut systématiser la permanence infirmière en Ehpad (24h/24 ou astreinte mutualisée) et reconnaître les infirmiers en pratique avancée (IPA) en gérontologie.
Il faudra « sanctuariser 9 milliards d'euros » pour financer la politique du grand âge, résume le président de la FHF pour qui il conviendra « d'identifier de nouvelles ressources ». Le maire de Fontainebleau souhaite aussi que la notion d’espérance de vie en bonne santé soit mieux prise en compte dans la définition de nos politiques publiques.
Haro sur les inégalités de traitement
Toujours sur ce dossier du grand âge, la FHF propose de simplifier les modalités de pilotage, de gouvernance et de tarification des établissements et des services pour personnes âgées. Frédéric Valletoux aimerait« réinterroger la place et le rôle du financement apporté par les départements pour éviter les déséquilibres et les accompagnements différenciés selon les territoires ».
La FHF entend donner « une place centrale au service public du grand âge ». Elle juge nécessaire de renforcer la coordination entre les Ehpad mais aussi avec les établissements hospitaliers. Ce qui suppose aussi de « mettre fin aux inégalités de traitement entre le secteur public et privé. On doit tous fonctionner avec le même contrôle, le même accompagnement, les mêmes politiques tarifaires. »
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