Neuf syndicats de praticiens hospitaliers ont déposé des listes pour ce scrutin, qui se déroule du 11 au 18 juin, avec un mandat pour les listes gagnantes qui court pour cinq ans. Trois instances nationales de dialogue social sont à renouveler : le Conseil supérieur des personnels médicaux, odontologistes et pharmaceutiques (CSPM), la Commission statutaire nationale (CSN) et le Conseil de discipline (CD). S’ils sont unanimes sur certains sujets comme la récupération des quatre ans d’ancienneté pour les praticiens nommés avant 2020, la revalorisation salariale (notamment pour la permanence de soins) et la reconnaissance des Padhue, ils font néanmoins tout pour se démarquer les uns des autres et emporter l’élection.
INPH-CMH-Snam HP : tenir les promesses du Ségur
La Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH qui a noué une alliance comme lors de la dernière élection de 2019 avec la CMH et le Snam-HP met en avant dans sa profession de foi la responsabilisation des acteurs, la remédicalisation de la gouvernance et la réforme en profondeur du financement des hôpitaux, ce qui inclut l’abrogation de la loi Bachelot (HPST) de 2009.
L’accent est mis sur le protocole d’accord du Ségur de la santé, négocié en juillet 2020 par les syndicats de PH, les représentants des personnels hospitaliers, les étudiants et Olivier Véran, alors ministre de la Santé. Seuls syndicats de PH signataires, l’INPH, la CMH et le Snam-HP estiment que l’ensemble des mesures de ce plan ont « revalorisé globalement l’exercice médical hospitalier d’environ 6 % ». Le trio attend toutefois une revalorisation complémentaire globale de 24 % de toutes les grilles salariales (PH, MCU-PH et PU-PH), « compte tenu de l’absence d’évolution significative des revenus depuis plus de vingt ans ». « Nous attendions la suite du Ségur pour intervenir sur l’attractivité du milieu de carrière. Nous n’avons rien fait depuis 2020 », complète la Dr Bocher. La psychiatre nantaise regrette que la négociation globale n’ait pu être menée à bien à cause de la valse des ministres de la Santé ces deux dernières années.
Le SNMH-FO défend l’indépendance médicale contre l’étatisation
Dans sa profession de foi, le syndicat souhaite organiser la résistance et l’indépendance médicales et défend « la même médecine pour tous », principe issu de la création de la Sécurité sociale. Il se dit contre « le processus d’étatisation qui ambitionne de mettre au pas les médecins ».
« Se refusant de devenir des trieurs de malades », le SNMH-FO réclame « des bras, des lits ». Pour cela, il revendique la fin du numerus apertus, l’abrogation de Parcoursup, de la loi HPST, et l’application d’un ratio soignants/patients. La levée de ces contraintes permettrait aux PH « de s’organiser entre eux », notamment pour la gestion des astreintes et des gardes, dont la charge est aussi élevée à 50 ans qu’à 35 ans. « Rares sont les médecins de 50-55 ans qui ne sont pas en burn-out », commente le Dr Cyrille Venet, secrétaire général du syndicat.
Concernant l’âge du départ à la retraite, le médecin déclare : « Nous avons été le seul syndicat à manifester au premier semestre 2023 contre la réforme des retraites. Les médecins fatiguent à partir de 55 ans, mais on leur dit qu’ils vont travailler jusqu’à 67 ans. » Abroger la réforme, c’est là encore un moyen de redonner de l’attractivité au métier.
APH-Amuf-Syncass-CFDT : corriger l’iniquité des retraites des HU
APH a noué alliance avec les urgentistes de l’Amuf et le Syncass-CFDT, ce dernier étant le premier syndicat des directeurs de la fonction publique hospitalière. Elle propose la création de deux grilles supplémentaires (une grille hors classe au bout de cinq ans d’exercice et une grille classe exceptionnelle au bout de quinze ans), afin de rectifier « l’injustice des quatre ans d’ancienneté qui n’ont pas été donnés aux praticiens hospitaliers nommés avant le 1er octobre 2020 » lors de la modification de la grille salariale des PH effectuée à l’occasion des revalorisations du Ségur.
Le cheval de bataille d’APH, que l’on retrouve au cœur de sa profession de foi, à laquelle se sont ralliés ses deux partenaires, est la retraite : « Nous sommes pour corriger la spoliation que subissent nos collègues HU et praticiens hospitaliers. Ces derniers subissent une perte au niveau de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) de 1 000 euros par mois sur la retraite ». « À cela s’ajoute le taux de remplacement plus faible de 44,5 % pour les HU au lieu de 55 % pour les praticiens hospitaliers », explique le Dr Jean-François Cibien, président d’APH.
L’Amuf, qui s’est ralliée tardivement à APH, prône la rémunération du temps de travail en fonction du nombre d’heures travaillées comme source d’attractivité.
Jeunes médecins, pour l’équilibre vie professionnelle-vie privée
Quant à Jeunes médecins, sa spécificité dans sa profession de foi porte sur le soutien à l’exercice mixte, la suppression de la clause de non-concurrence et l’accès à l'indemnité d'engagement de service public exclusif (IESPE) pour les PH à temps partiel et les contractuels. Le syndicat milite aussi pour la tolérance zéro pour le harcèlement moral et les violences sexuelles et sexistes et demande l’externalisation des signalements, la fluidification des procédures d’enquête et de sanction et la formation au management. Le Dr Emanuel Loeb, président du syndicat, insiste sur la réorganisation et la gouvernance des services pour améliorer l’équilibre vie personnelle/vie professionnelle. Autant d’aspects « qui rendent les carrières épanouissantes, diminuent l’épuisement professionnel. Chose importante dans une période où la pénurie est criante et où l’on a particulièrement besoin des ressources humaines. »
UFMICT-CGT, contre le harcèlement institutionnel
L’UFMICT-CGT se veut un ardent défenseur des valeurs hospitalières. « Nous défendons les praticiens au cœur du système hospitalier. Quand les moyens manquent, nous le crions, on ne fait pas de compromis. Nous voulons l’accent sur la solidarité réelle », explique le Dr Christian Guy-Coichard, co-animateur du collectif du syndicat. Ce dernier défend avec force le maintien de la carte sanitaire française et la présence des hôpitaux de proximité, qui ne doivent pas être relégués à « de simples hospices pour personnes âgées ».
Le syndicat met aussi l’accent sur le harcèlement institutionnel « qui favorise la placardisation des hospitaliers » : le Dr Éric Tron de Bouchony, co-animateur du collectif du syndicat souhaite éviter « une seconde affaire Mégnien », ce médecin cardiologue de l’Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP) qui s’est suicidé en 2015 pour cause de harcèlement.
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