Dans un contexte de forte reprise épidémique et de tensions accrues sur les personnels hospitaliers, la direction générale de l'offre de soins (DGOS, ministère) a présenté jeudi une enquête chiffrée sur les ressources humaines des hôpitaux, les capacités de prise en charge ou encore l'absentéisme concluant qu'il n'y a pas de « saturation générale ».
Alors que des chiffres variables ont circulé sur le nombre de postes vacants, les démissions de personnels ou le taux de lits fermés, le ministère entendait « objectiver la situation et donner de bons ordres de grandeur, robustes ». Un panel de 2 300 établissements tous secteurs (public, privé et privé non lucratif) et toutes activités confondues (MCO, soins de suite, psychiatrie, HAD et unités de soins longue durée) a été interrogé au mois d'octobre, dont près de la moitié a répondu (47 %), soit environ 1 100 établissements.
Équipes plus instables
Du côté des RH hospitalières, l'enquête révèle que l'absentéisme est en « légère hausse » – d'un point de pourcentage dans toutes les catégories – par rapport à 2019. Chez les praticiens, le taux d'absentéisme se situe « entre 1 et 5 % » et a augmenté en moyenne « d'un peu plus d'un point » depuis 2019. Chez les sages-femmes, il est situé « entre 5 et 10 % », chez les infirmières il est « de l'ordre de 10 % », et il s'élève à 10 à 15 % chez les aides-soignantes, indique Ségur. Cette augmentation par rapport à la moyenne « se ressent et produit un impact » sur le terrain, concède le ministère.
Les équipes soignantes sont également plus « instables » qu'avant la crise Covid, avec plus d'entrées et sorties du personnel (turnover). Chez les infirmières il y a eu plus de départs (démissions, ruptures conventionnelles, etc.) que de recrutements, avec un solde négatif de 784 infirmières en octobre, sur les établissements concernés. Ce solde entrées/départs est très légèrement positif (+ 28) pour les médecins, pour lesquels le ministère recense 314 démissions, 116 départs en disponibilité et 44 ruptures conventionnelles, pour 502 recrutements en octobre. « La mise en place de l'obligation vaccinale en octobre a pu contribuer à ces mouvements de personnels, analyse le ministère. Ce n’est pas neutre, mais ce n’est pas sur un mouvement massif. Rien ne permet de confirmer une quelconque hémorragie, même si ces mouvements ont un impact, vu la charge de travail. »
2 % de lits ouverts en moins
En termes de capacité de prise en charge, la DGOS évalue à seulement 2 % la baisse du nombre de lits ouverts depuis 2019, soit 1 800 lits fermés (sur cet échantillon limité). Cette baisse est de 2 % en médecine, 7 % en chirurgie (mais avec +8 % de places en ambulatoire), 4 % en obstétrique et de 2 % en SSR et en psychiatrie. Seule l'hospitalisation à domicile (HAD) enregistre un bond de 25 % du nombre de lits, confirmé par sa fédération. « Ces chiffres dépendent de la base théorique ou idéale de départ, par établissement. Nous nous sommes basés sur l'année 2019 », s'est justifié le ministère, tout en soulignant des variations locales et par secteur. La FHF avait évoqué de son côté 6 % de lits fermés actuellement, à l'issue d'une enquête interne.
En revanche, le nombre de lits de réanimation a, lui, augmenté, souligne le ministère. Il y a à ce jour 6 100 lits de réanimation ouverts, soit 300 de plus qu'en octobre et 1 000 de plus qu'en 2019 (5 100 lits avant la crise sanitaire), ce qui suppose de forts renforts en personnels (un lit de soins critiques équivalant à quatre ou cinq lits conventionnels).
Marges locales mais…
Enfin, le taux d’occupation des lits révélé par l'enquête peut surprendre. Selon le ministère, seuls 16 % des établissements interrogés ont un taux d'occupation des lits supérieur à 95 % en médecine et sont donc à saturation. Ce taux est de 6 % pour la chirurgie et l'obstétrique, mais de 27 % en psychiatrie. « En octobre, le système n’était pas complètement saturé, il existait des marges de manœuvre locales, affirme l'entourage d'Olivier Véran. On ne nie pas le contexte sanitaire, les charges en soins très fortes depuis deux ans et notamment de ces derniers mois et la fatigue des soignants, mais on vient remettre les chiffres dans le contexte. »
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