Après le choc et l’effroi, place à la fermeté. Ce lundi 13 janvier, les deux hommes suspectés d’avoir agressé, mercredi 8 janvier dans la soirée, plusieurs professionnels de santé du service des urgences de l’hôpital privé des Pays de Savoie (HPPS) à Annemasse (Haute-Savoie), devaient être jugés en comparution immédiate. Mais finalement, leur procès a été renvoyé au 17 février, a annoncé le parquet. Les deux prévenus sont « maintenus sous contrôle judiciaire par le tribunal », a précisé à l'AFP le procureur de Thonon-les-Bains, Xavier Goux-Thiercelin.
De son côté, l’établissement, où l'agression s'est déroulée, a annoncé que son service des urgences resterait « fermé jusqu’à nouvel ordre » et que « l'accompagnement psychologique des équipes impliquées serait renforcé ». Étant donné « la violence des faits, les équipes sont actuellement dans un état de grande fragilité émotionnelle et psychologique, et ne sont pas en mesure de reprendre leurs fonctions dans des conditions optimales », souligne l’hôpital privé, rappelant que quatorze membres de son personnel ont été directement affectés.
Pour rappel, les deux hommes, venus consulter pour l'un d'entre eux aux urgences d'Annemasse et mécontents des délais d'attente, sont soupçonnés d'avoir agressé le personnel du service lors d'un épisode très violent. Selon le parquet, ils ont été interpellés dès le lendemain, quand ils se sont présentés au commissariat d’Annemasse pour se plaindre des conditions de leur admission à l’hôpital et d’un refus de soin. Ils contestent la version des personnels de l’hôpital et affirment que le frère du blessé a été pris à partie après avoir fait remarquer à une soignante qu’elle sentait l’alcool. Ils disent avoir été molestés par plusieurs personnes et n’avoir fait que se défendre.
Neuder rouvre le débat sur les peines planchers
Lors d’un déplacement sur place samedi 11 janvier, le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, a promis une « tolérance zéro ». Sans attendre, il a énuméré quelques mesures pour protéger les soignants, telles que « le dépôt de plainte par l’établissement pour mettre en sécurité le professionnel agressé » et « la poursuite de la sécurisation des bâtiments ».
Mais surtout, le cardiologue assure avoir engagé des discussions avec ses homologues à l’Intérieur et à la Justice « pour avoir la capacité à condamner fermement et rapidement les agresseurs, notamment avec des peines planchers ». Concrètement, il s’agirait de condamner les auteurs d’agressions envers des professionnels de santé par des peines minimales ou incompressibles imposées par la loi.
De cette manière, l’ex-député LR de l’Isère relance le débat autour des peines planchers qui avaient été instaurées dans la loi sous la présidence de Nicolas Sarkozy à l’encontre des condamnés récidivistes, avant d’être supprimées par François Hollande en 2014. L’efficacité de cette loi avait été remise en question par une étude de l’Institut des politiques publiques (IPP), parue en mars 2024, selon laquelle les peines planchers n’auraient pas eu d’effet dissuasif à court terme.
Yannick Neuder veut faire de sa circo « un laboratoire »
Invité le 10 janvier aux vœux de Yannick Paque, maire de Beaurepaire (Isère), le ministre de la Santé Yannick Neuder en a profité pour faire quelques annonces, sur son territoire d’élection en tant que député. « Nous faisons de cette circonscription un laboratoire pour recréer un système de soins complet et efficace », a-t-il clamé. La maison médicale de la commune de 5 000 habitants accueillera, cette année, huit médecins supplémentaires : quatre dès cet été et quatre autres d’ici à la fin d’année. La structure sera renforcée par des assistants médicaux et un secrétariat. « Je suis très heureux », a témoigné le cardiologue désormais locataire de Ségur.
Ce n’est pas tout : la commune dont Yannick Neuder a lui-même été maire (2002-2019), située à une demi-heure, Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, va, elle, inaugurer dans les prochaines semaines un scanner de dernière génération, au sein d’un centre de radiologie et aux côtés d’un centre de cardiologie. L’étoffement de l’offre de soins s’inscrit dans le cadre l’ouverture d’un centre de soins non programmés dans la commune, ouvert tous les jours, de 10 h à 22 h. En essayant de bâtir un réseau de santé sur son territoire, le Dr Neuder a affirmé l’importance « des centres modernes pour éviter les déplacements inutiles et offrir des soins au plus près des citoyens ».
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