Le Premier ministre a annoncé cette semaine sa volonté de relancer les partenariats public privé (PPP), lors de l’inauguration du viaduc de la Dordogne. « Le pays a besoin d’investissements publics et privés, de partenariats entre les entreprises, les collectivités territoriales, l’État. Partenariats pour bâtir des projets ensemble ». « Et ces investissements, nous allons les poursuivre notamment dans les contrats de plan État/régions », a-t-il complété, sans s’étendre sur les moyens de financement.
Le même Manuel Valls tenait un discours autrement plus réservé lorsqu’il présidait le conseil de surveillance du centre hospitalier Sud francilien (CHSF), dans l’Essonne. « Il faut sortir du partenariat public privé, un choix que j’ai dénoncé dès le début, et qui, au bout du compte, revient plus cher à la collectivité », disait-il en 2011, à propos du PPP ayant financé le CHSF - le plus grand PPP jamais engagé en France dans le secteur hospitalier.
Le maire d’Évry dénonçait alors un « scandale financier » proche du « scandale d’État ». Le 30 juin 2011, il avait déposé une motion au conseil de surveillance réclamant ouvertement la sortie du PPP.
Depuis son entrée au gouvernement, Manuel Valls s’est mis en retrait du dossier. Ses récentes déclarations sur les PPP ont été accueillies avec fraîcheur à l’hôpital Sud francilien, qui, dans l’intervalle, a acté la fin du PPP avec Eiffage, sans pour autant s’extraire de ses difficultés comptables.
Au CHSF, un boulet au pied
Certes, l’État aide financièrement le CHSF pour sortir du PPP. Mais en contrepartie, des conditions strictes sont posées : le déficit ne devra pas dépasser 17,4 millions d’euros fin 2014 (contre 20 millions aujourd’hui).
Ce jeudi, la CGT, FO et Sud santé du CHSF organisent une assemblée générale du personnel hospitalier. Les trois syndicats veulent dénoncer l’exclusion de la pause repas du temps de travail. « Nous avons déjà perdu trois jours de RTT il y a un an, rappelle Catherine Fayet (Sud santé). À compter du 1er octobre, si la direction ne recule pas, les 3 700 salariés de l’hôpital vont devoir travailler 30 minutes de plus par jour ». Soit, selon SUD santé, une économie de 1,2 million d’euros, l’équivalent de 40 postes.
Cette nouvelle remise en cause de l’accord sur les 35 heures signé en 2002 est très mal vécue, dans un contexte de forte progression d’activité et de tension sur les effectifs. L’IGAS, venue enquêter sur place, aurait relevé une nouvelle dérive des dépenses.
Année sous pression
Le directeur de l’hôpital, Jean-Michel Toulouse, tente de positiver son discours. « Les effectifs ne diminuent pas de façon significative (-1 % de 2012 à 2015) », a-t-il écrit aux agents. Avant de mettre en garde ses troupes : si le déficit n’est pas contenu, des services fermeront, des avantages acquis seront remis en cause de façon « drastique », et des postes seront supprimés de manière « plus brutale ».
C’est fin septembre 2015 que le CHSF sortira définitivement du PPP le liant à Eiffage. Il lui reste un an pour organiser la reprise en main de la maintenance, sans générer de nouveaux surcoûts. Douze mois tendus en vue.
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