Les treize mesures que Marisol Touraine a extraites du rapport Couty pour restaurer la confiance à l’hôpital public ont fissuré un peu plus celle des cliniques à l’égard des pouvoirs publics.
Depuis l’abrogation de la convergence tarifaire, à l’automne dernier, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) est en froid avec la ministre. Aujourd’hui, les cliniques ont le sentiment d’être volontairement mises au ban du système de santé. « On se sent bloqués, estime Jean-Loup Durousset, président de la Fédération. On dirait que la règle du jeu consiste à freiner l’essor du secteur privé hospitalier pour mieux pousser celui du public. Pourtant, nous aussi, on assume des missions de service public. Et on ne comprend pas que la ministre ne l’ait pas mentionné ».
Les cliniques estiment que la vision du parcours de soins défendu par la ministre demeure « floue, administrative et théorique ». « Il faudra préciser rapidement, dès 2014, les conditions juridiques du décloisonnement sanitaire et médico-social voulu par Marisol Touraine », met en garde Théo Amarantinis, délégué général de la FHP-SSR, qui reste vigilant contre une « éventuelle dérive hospitalo-centrée ».
Autre « inquiétude très forte », le « renforcement » du rôle des agences régionales de santé (ARS) auprès des hôpitaux publics. « Selon nous, la ministre n’a pas à gérer ainsi le quotidien des hôpitaux », développe Jean-Loup Durousset.
Trouver sa place
Bien que déçues par le manque de considération de Marisol Touraine à leur égard, les cliniques ont décidé de ne pas entrer en guerre et d’adopter une position constructive. Objectif : assurer leur place dans la réforme du système hospitalier qui s’annonce et, au-delà, dans la future stratégie nationale de santé. « Nous avons participé aux groupes de travail, et nous avons réussi à nous faire entendre sur la création du service public territorial de santé, auquel nous adhérons. Il faut désormais en définir les contours ainsi que la place de chacun », insiste le président de la FHP.
La FHP compte aussi « présenter des idées en temps et en heure » sur la réforme de la tarification à l’activité (T2A), annoncée par la ministre. Les financements doivent être acquis « à raison du service rendu, et non à raison du statut, dans un cadre d’attribution parfaitement transparent », défend la FHP.
Investissement en santé : malgré l’urgence, pourquoi ça coince encore
Suicides de soignants à l’hôpital : Vautrin, Borne et Neuder visés par une plainte, ainsi que l’AP-HP
Opacité tarifaire, pratiques commerciales trompeuses… Les cliniques rappelées à l’ordre par Bercy
Vers un moratoire sur les fermetures des maternités ? Les obstétriciens du Syngof disent non