LE QUOTIDIEN : Comment les Hospices civils de Lyon ont-ils géré la pandémie ?
RAYMOND LE MOIGN : Les HCL ont fait face à la crise. Le CHU a eu la chance d’avoir du temps pour s’organiser et de ne jamais être en situation d’être débordé. 1 791 patients ont été accueillis depuis mi-mars et 359 sont décédés à l’hôpital, contre 1 630 dans la région [données au 1er juillet, NLDR]. Lors du pic, le 11 avril, 703 patients étaient présents aux HCL, dont 152 en réanimation. Les HCL ont assumé une responsabilité territoriale en organisant des échanges avec les autres établissements et les professionnels de santé, y compris de ville. Ils ont également géré en toute transparence la disponibilité des lits de réanimation. Ils ont pu ouvrir de nouveaux lits en redéployant des personnels, en recrutant davantage et en déménageant des activités. Au plus fort de la crise, 441 lits de réanimation étaient disponibles, contre 215 auparavant. Les HCL ont également assuré une logistique d’approvisionnement, que ce soit au niveau des protections individuelles ou des produits médicamenteux. Enfin, ils ont été présents en recherche, avec 78 projets et la coordination de l’essai Discovery par le Pr Florence Ader.
Quelles sont les conséquences de la crise ?
Les professionnels des HCL ont pu tenir mais au prix d’un effort gigantesque et d’une exposition réelle au risque. 707 professionnels ont été testés positifs au coronavirus. Les internes, les aides-soignants et les infirmiers ont été les plus exposés. De nombreux salariés ont été fiers de l’institution et ont partagé un engagement hors norme, mais ils ont aussi connu un sentiment d’exposition maximale à un risque nouveau.
Actuellement, se pose la question de la réorganisation de l’établissement pour qu’il reprenne des activités normales. Néanmoins, il faut accepter que le retour à un fonctionnement classique ne peut pas s’entendre comme s’il ne s’était rien passé, car il faut notamment appliquer les mesures barrières et prévoir un accompagnement et un soutien psychologique pour les personnels. De plus, les hypothèses de rebond épidémique ne sont pas exclues. Nous avons commencé à relire notre projet d’établissement à la lumière de la crise. Nous avons tenu une première grande réunion de retour d’expériences institutionnelles. Les personnels vont également être interrogés et en septembre nous allons pouvoir prioriser les ajouts et les choses à changer dans le projet d’établissement des HCL.
Quels sont vos projets pour les HCL ?
C’est le deuxième plus grand établissement de France. Il doit donc être exemplaire dans sa capacité à nouer des relations avec son territoire. Nous devons renforcer nos liens avec les hôpitaux de notre groupement hospitalier de territoire (GHT), avec les hôpitaux conventionnés et avec les professionnels de santé de ville.
Je souhaite aussi accompagner la valorisation de la dimension universitaire des HCL. Par ailleurs, le CHU, par sa taille et par son poids, ne peut être indifférent au développement économique et doit donc être attentif aux choix de la Métropole et de la Région. Enfin, nous allons entamer une nouvelle phase de rénovation de l’hôpital Édouard-Herriot, nous allons ouvrir un nouveau bâtiment dédié aux maladies infectieuses sur le groupement hospitalier Nord et nous allons lancer le grand chantier du groupement hospitalier Sud.
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