Entretien

Michel Rosenblatt (syndicat national des directeurs d'hôpitaux) : « On ne pourra pas indéfiniment supprimer des emplois »

Publié le 05/03/2015
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Crédit photo : DR

LE QUOTIDIEN : Les pistes d’économies envisagées (voir encadré) vous paraissent-elles réalistes ?

MICHEL ROSENBLATT : Réagir à ce plan d’économies est difficile car il a été élaboré sans les hospitaliers, et il ne nous a pas été présenté. On a eu des bribes mais rien d’officiel. Début février, les fédérations et les conférences hospitalières ont été consultées. C’est à peu près tout. J’ai demandé une réunion à la DGOS [Direction générale de l’offre de soins, au ministère de la Santé] pour avoir une présentation fine des économies attendues, on attend toujours la date. Soit parce que cela n’est pas stabilisé, soit parce que la DGOS ne souhaite pas en parler avant la mise en œuvre.

La confiance n’est pas au rendez-vous. Entre Noël et le jour de l’an, nous avons découvert en lisant le « Journal officiel » que le crédit-bail, utilisé pour acheter certains équipements d’imagerie, est dorénavant interdit à l’hôpital. Ce n’est pas une méthode. On nous a seriné "confiance, confiance" depuis 2012. Mais les directeurs ne sont pas associés aux décisions. On ne nous demande pas ce qui est faisable ou non.

Optimiser les achats hospitaliers à hauteur de 1,2 milliard d’euros d’ici à 2017, est-ce faisable ?

C’est très incantatoire. Chaque année, le gouvernement fixe un cap à ce sujet et ensuite vogue la galère, débrouillez-vous pour le faire. L’hôpital n’est pas un acteur isolé qui n’a qu’à mieux rédiger ses commandes. Les prix des fournisseurs dépendent du marché. On ne maîtrise pas le prix du dollar, le prix de l’énergie, les taux d’intérêt... La position du gouvernement, c’est d’affirmer qu’on peut toujours faire un peu mieux. On s’y efforce. On ne peut prétendre avoir atteint les limites, mais on ne peut pas plus prétendre que les économies sont possibles à l’infini.

Que penser du milliard d’euros attendu au titre du virage ambulatoire ?

On peut certainement développer l’ambulatoire. Mais il faut être prudent sur l’évaluation du gain potentiel, car fermer quelques lits par service ne réduira pas les coûts de structure et de personnel. Cet objectif d’un milliard, arrêté d’en haut, n’a pas de réalité avérée. Seuls les professionnels, hôpital par hôpital, peuvent dire quelle adaptation des locaux, du matériel et des effectifs est nécessaire. Il faut leur faire confiance.

Une baisse des effectifs hospitaliers est-elle inéluctable ?

On ne pourra indéfiniment supprimer des emplois, comme l’État le prétend, sans dégrader le système. On a atteint la limite. Très souvent, les équipes sont en souffrance. Chaque année, on sert la vis pour assurer le même service. Jusqu’au jour où ce ne sera plus possible du tout.

Propos recueillis par Delphine Chardon

Source : Le Quotidien du Médecin: 9392