Ne vous fiez pas aux murs décrépis de l'imposant bâtiment. Une fois franchies les portes du service de médecine nucléaire, l'ambiance est chaleureuse. Bien au chaud dans une salle ronronne le Biograph Vision, machine dernier cri de Siemens Healthineers. Depuis octobre, le CHU de Brest est le premier au monde à s'équiper de cette nouvelle génération numérique de TEP (tomographie par émission de positons, très utilisée en cancérologie).
« Il y a quelques années encore, un examen prenait environ 20 minutes, désormais il est réalisable en six minutes, voire moins ! Dès 60 secondes, il est possible d'avoir une image nette. La résolution est beaucoup plus fine et donc l'indice de confiance pour le médecin plus élevé », se réjouit le Pr Pierre-Yves Salaün, chef de service de médecine nucléaire au CHU.
La direction de l'hôpital a déboursé un peu plus de trois millions d'euros. « Cela fait partie de notre politique globale d'innovation, assume le directeur général du CHU, Philippe El Saïr. Je suis fier que la première ait eu lieu en France, c'est la reconnaissance d'une équipe scientifique. » L'innovation, c'est aussi « une organisation plus efficace », souligne le directeur général. De fait, comme la durée d'examen baisse avec cette technologie sophistiquée, les praticiens du service se sont engagés à 10 000 examens par an, soit 28 patients par jour en moyenne (au lieu de 18 précédemment). Depuis trois mois, quelque 2 000 examens ont déjà été réalisés.
La réorganisation est aussi géographique. Dès 2022, le service de médecine nucléaire sera transféré sur l'autre site du CHU, la Cavale Blanche, et regroupé avec les services d'oncologie, hématologie, radiothérapie et imagerie, au sein d'un Institut de cancérologie.
Nouvelles perspectives
De fait, c'est en cancérologie que la technologie TEP est massivement utilisée : cette spécialité représente deux tiers des examens réalisés, devant la neurologie et la rhumatologie. Contrairement à la radiologie conventionnelle, il s'agit ici d'une imagerie in vivo : on administre au patient un « médicament radiopharmaceutique » par voie intraveineuse ou orale qui, couplé à des molécules comme le glucose, permettra de révéler les cellules anormales.
Ce jour-là, à Brest, dans la salle qui abrite le Biograph Vision, deux manipulateurs radio installent une femme d'une quarantaine d'années sur la table d'examen, les bras sanglés. Une fois la patiente sous les rayons gamma de l'appareil, les images analysables apparaissent immédiatement sur un écran d'ordinateur surveillé par les manipulateurs et le médecin nucléaire. « L'image se construit au fil du temps. C'est comme de l'anatomo-pathologie, mais in vivo, on évite certains gestes invasifs et c'est plus de confort pour le patient », se félicite le Pr Salaün. À la tête du service depuis dix ans, le praticien de 43 ans ne cache pas sa joie. « On attendait cet équipement depuis deux ans, cela ouvre de nouvelles perspectives de recherche ! Nous allons pouvoir travailler sur de nouveaux référentiels avec la société française de médecine nucléaire et d'imagerie moléculaire. »
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