La sidération règne à Mayotte. Dix jours après le passage du cyclone dévastateur Chido, dans l’océan indien, une minute de silence a été observée ce lundi 23 décembre partout en France lors d’une journée de deuil national pour que « les Mahorais se sentent entourés par un pays tout entier », selon le Premier ministre François Bayrou. À Mamoudzou, le préfet de l’archipel François-Xavier Bieuville a présidé une cérémonie d'hommage, devant des habitants mais aussi des pompiers, policiers et gendarmes de l’île, qui ont entonné l'hymne national, La Marseillaise, a capella à l'issue du recueillement.
Sur place, la vie quotidienne peine à reprendre son cours. Au dernier bilan établi lors d’une réunion de la cellule de crise samedi 21 décembre, 2 650 consultations aux urgences hospitalières ont été totalisées en l’espace d’une semaine. Les évacuations sanitaires vers la Réunion demeurent restreintes car « ses capacités sanitaires sont limitées face à la demande de soins des Mahorais », explique au Quotidien le Dr Alain Domercq, président de la coordination interrégionale de la Réunion/Mayotte de l’Ordre des médecins. S’agissant des transferts, la priorité est donnée aux malades chroniques, notamment les insuffisants rénaux, le temps que les centres de dialyse de Mayotte redeviennent opérationnels. La bonne nouvelle, c’est que deux d’entre eux viennent d’être remis en état de marche et qu’un troisième le sera aussi prochainement.
En ville, la médecine libérale se remet péniblement en marche. « On commence à rouvrir des cabinets mais il y en a qui restent encore inondés. Il y a toujours les problèmes d’accès à l’eau, à l’électricité et à Internet qui paralysent le travail des professionnels de santé, résume le généraliste. Quant aux pharmacies qui ont rouvert au public, elles ont été prises d’assaut et leurs capacités sont insuffisantes face à la demande ». Et c’est sans compter les problèmes de facturation et de carte vitale liés au manque d’électricité. « La situation reste extrêmement précaire, même si des moyens sans précédent sont mis en œuvre », observe le Dr Alain Domercq.
Accueillir les soignants volontaires issus de la métropole, un casse-tête
L’hôpital, dont certains services ont été endommagés par les rafales de vent, fonctionne à 50 % de ses capacités. Le reste est normalement assuré par un hôpital de campagne qui s’appelle « Escrim » (élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale). Déployé par l’Armée en 24 heures en fin de semaine dernière, il prend la forme d’un village de tentes. « On y trouve deux blocs opératoires, huit lits de réanimation, 30 lits de médecine, et il y a une capacité de 150 patients aux urgences », détaille le Dr Alain Domercq.
Reste une équation à résoudre, celle d’accueillir les soignants qui se sont portés volontaires pour prêter main-forte aux équipes médicales sur place. « L’enjeu si on envoie quelqu’un de la société civile ou de la réserve sanitaire à Mayotte, c’est qu’il puisse être autonome. La question du logement est donc une question majeure. Une base de lits va bientôt être installée par l’Armée », souligne le généraliste. La mobilisation des soignants de la métropole sera d’autant plus essentielle qu’il faudra qu’elle soit durable. « C’est une crise qui va durer des mois, voire des années, anticipe le Dr Alain Domercq. Il va falloir aider Mayotte dans la durée, aider et remplacer les médecins sur place parce que les conditions d’exercice sont très dures ».
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