Lors du congrès du Syndicat des managers publics de santé (SMPS), qui vient de se tenir à Paris, son président Jérôme Goeminne – officiellement réélu à ce poste pour un deuxième mandat – a tenu un discours de rassemblement autour du service public hospitalier, sans en nier les difficultés. « Les suspensions d'activité, les fermetures de lit démontrent que nous sommes désormais de plain-pied dans une crise structurelle du système de santé dont les conséquences affectent tous les agents de la fonction publique hospitalière et tous les manageurs », a reconnu le patron des cadres hospitaliers.
Preuve des tensions à l'hôpital, il a dénoncé la « situation intolérable de violences » dans les établissements. Un plan d'action de protection des agents publics a été lancé, a rappelé Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques dans une vidéo. Possibilité sera donnée à l'administration (employeur) de porter plainte pour le compte de l’agent victime de violence. En pratique, l'hôpital pourra faire la démarche à la place de la victime pour lancer la procédure. L'objectif est d'épauler les agents des hôpitaux et leurs familles dans des démarches complexes et anxiogènes.
Chantier statutaire
Concernant cette fois le chantier statutaire, central, qui porte à la fois sur les conditions de travail et les rémunérations, le syndicat exige maintenant des actes. « Nous subissons une stagnation statutaire qui participe grandement à la carence d'activité de nos métiers dont la valorisation est clairement insuffisante », expose Jérôme Goeminne.
Chez les manageurs hospitaliers, ce combat statutaire n'est d'ailleurs pas l'apanage du SMPS ; il est porté aussi par le Syncass CFDT. Jérôme Goeminne n'a pas manqué de tacler ce syndicat qui avait fait grève en octobre alors que le SMPS avait de son côté refusé de participer au mouvement. « Le SMPS ne s'oppose pas sans propositions. En cas de désaccord, il le fait savoir et propose des alternatives concrètes. »
Pourtant, les négociations avancent avec le ministère, assure le SMPS qui attend une inscription dans le marbre des avancées dans les semaines à venir. La première victoire du syndicat vient d'être obtenue avec l'alignement du statut des ingénieurs hospitaliers sur celui des autres fonctions publiques.
Autre objectif : l'alignement de tous les corps de direction de la fonction publique hospitalière (FPH) – dont les directeurs d'établissement sanitaire, social et médico-social (D3S) et directeurs des soins (DS) – sur le statut des directeurs d'hôpitaux (DH), lui-même amené à rejoindre en 2024 le modèle que celui des Administrateurs de l’État. Autre sujet, les attachés d'administration hospitalière (AAH) perçoivent 200 à 300 euros brut de moins par mois que leurs collègues des autres fonctions publiques d'État et territoriale, d'où une revendication d'ajustement.
De surcroît, le syndicat appelle de ses vœux une revalorisation des responsabilités territoriales. « À l'heure des groupements hospitaliers de territoire et du lien ville-hôpital, beaucoup d'entre nous ont des missions territoriales qui dépassent leur établissement », souligne Jérôme Goeminne.
Le ministre est revenu dans son allocution sur l'agenda social construit avec les trois versants de la fonction publique, notamment sur l'égalité salariale. Alors que les femmes sont majoritaires (51%) dans le corps des directeurs de la fonction publique hospitalière, Stanislas Guérini a évoqué l'introduction d'un « taux minimal » de femmes en poste dans tous les corps de direction de la fonction publique et d'un index d'égalité professionnelle.
Consultation sur les conditions de travail
Côté salaires, Stanislas Guérini ambitionne de construire un cadre de négociation sur plusieurs années, notamment pour préparer une réforme des primes hospitalières. Une consultation a été lancée à cet effet auprès des agents sur leurs conditions de travail (pratiques managériales, temps de travail, logement, santé, égalité professionnelle). Il s'agira de valoriser les actions des agents par des bonus attribués par exemple à ceux qui ont suivi une formation ou à une équipe mobilisée sur la transition écologique.
Enfin, un projet de loi sur l'évolution du parcours des agents publics est censé procurer « un choc de confiance » : il doit permettre de faciliter les entrées et les départs mais aussi de fluidifier les mobilités entre les différents versants de la fonction publique.
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