« Concernant les personnels médicaux, le sujet des écarts de contrainte et de rémunération ne peut plus être éludé. La problématique de la permanence des soins est aussi devenue un sujet majeur de départ des praticiens. Ce sujet ne pourra pas être réglé que par des nouvelles rémunérations, mais nécessitera une reconnaissance réelle de la pénibilité et un partage de cette contrainte dans de nombreux secteurs », explique d'emblée le Dr Thierry Godeau, président de la conférence des commissions médicales d’établissement des centres hospitaliers, lors de son audition le 4 décembre par les sénateurs sur la situation de l'hôpital. Ce n'est pas la seule récrimination du Dr Godeau qui se félicite des avancées du Ségur. Pour autant, il regrette que les revalorisations des praticiens du milieu de carrière, selon lui très courtisés par le milieu libéral, n'aient été que de 300 euros par mois. Afin de les fidéliser, il faut vite appliquer à tous les PH les nouvelles grilles indiciaires applicables pour l'instant seulement aux nouveaux nommés. Concernant la démographie, les spécialités dont nous avons le plus besoin (médecine générale, pédiatrie, santé mentale, gériatrie, médecine polyvalente et médecine interne à l'hôpital) sont souvent les moins attractives et les moins rémunératrices, déplore le Dr Godeau. « Il est capital de revaloriser l'acte intellectuel », conclut-il, pour lequel « le statu quo pourrait être le chaos ».
Trous dans la raquette du Ségur
Concernant les suites de la crise, « il est impossible aujourd'hui de tirer un bilan du déficit de prise en charge durant la crise épidémique », pointe le Pr François-René Pruvost, président des directeurs de CME de Chu, qui s'inquiète particulièrement pour les patients en oncologie. Le Ségur a-t-il amélioré la situation ? Certes, selon le Pr Pruvot qui souligne toutefois les trous dans la raquette et les manquements de ce plan, notamment en matière de permanence des soins et de travail de nuit.
La gouvernance dans le privé inexistante
Un autre son de cloche est apporté par la Dr Marie-Paule Chariot, présidente de la conférence des CME du secteur privé, qui pointe un phénomène mal connu, le malaise dans le secteur privé à but lucratif : « Je suis ici la seule bénévole. Il n'y a aucun moyen financier pour la CME. Le terme de gouvernance dans le privé n'existe pas. » En conséquence, la Dr Chariot réclame de l'équité pour les cliniques et une rémunération correspondant à ce temps dédié à la collectivité. Or le lucratif représente la moitié des opérations et un quart de la médecine sur le territoire. Pire, la Dr Marie-Paule Chariot, constate une réelle crise sanitaire de défaut de soins et des décès imputables à ces manquements. « Ce n'est pas aux patients de devoir choisir quand ils doivent se faire soigner, c'est à nous de pouvoir les guider. » Elle déplore que 20 % des infirmières et des aides-soignantes de son établissement aient quitté la blouse et « des médecins épuisés qui ne voient pas la fin d'une crise ».
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