Les centres hospitaliers (CH) redoutent une diminution drastique du nombre d'internes qu'ils accueilleront en stage à compter du 1er novembre prochain en raison de la mise en place de la réforme du 3e cycle.
Dans un courrier commun adressé à la ministre de la Santé, les présidents des conférences nationales des directeurs de CH et des présidents de CME de CH s'alarment des « prévisions alarmantes » consécutives à la réforme de l'internat et à la diminution de 500 postes finalement ouverts à la rentrée par rapport aux prévisions de décembre 2016.
Les centres hospitaliers s'attendent à partir du 1er novembre à un double mouvement dont ils subiraient les effets : « Le transfert important des stages d'internes de médecine générale vers les cabinets ambulatoires et la concentration des internes des autres spécialités, anciens et nouveaux régimes, dans les CHU pour répondre à leur maquette pédagogique. » Dans ce contexte, les responsables hospitaliers redoutent des « conséquences sérieuses pour l'organisation sanitaire et l'accès aux soins sur les territoires ».
« Dès novembre, les services impactés formant actuellement des internes auront à se réorganiser et à assumer une charge de travail supplémentaire conséquente, notamment pendant la permanence des soins », écrivent les représentants des directeurs et des patrons de CME des CH.
Les difficultés devraient être criantes en cette première année de réforme puisqu'à la fois les anciens et les nouveaux internes devraient se tourner majoritairement dans des stages en CHU au détriment des hôpitaux périphériques, explique le Dr Thierry Godeau, président de la conférence des présidents de CME de CH, joint ce lundi par « le Quotidien ». « Il ne faut pas se mentir, même si les services sont censés pouvoir tourner sans eux, les internes ont un rôle important dans leur organisation, et s'ils disparaissent, les médecins seront plus dans les unités d'hospitalisation et nous craignons des difficultés d'accès aux soins. Il s'agit d'un sujet sensible qui peut peser à terme sur l'attractivité médicale des CH. »
Les représentants des centres hospitaliers réclament plusieurs mesures visant à atténuer les difficultés comme le maintien de l'agrément des services pour permettre le recrutement de médecins étrangers (hors UE) ou de faisant fonction d'interne (FFI) ou encore la suspension du taux d'inadéquation de 107 % pour limiter les difficultés (nombre de stages proposés par rapport au nombre d'internes).
Inquiétude
S'il ne partage pas les solutions proposées, l'Intersyndicat national des internes (ISNI) est d'accord avec le constat ; la réforme du 3e cycle risque d'entraîner de « graves dysfonctionnements » dans les hôpitaux de proximité.
Selon son chef de file, Olivier Le Pennetier, la nouvelle maquette du DES, davantage tournée vers l'ambulatoire, permettra à des futurs généralistes de réaliser seulement deux à quatre stages hospitaliers pendant l'internat (urgences et gynéco ou pédiatrie) alors qu'ils en effectuaient obligatoirement quatre semestres sur six jusqu'à présent.
Par ailleurs, les internes des autres spécialités seront plus nombreux à commencer leur internat en CHU et à achever leur cursus en centre hospitalier périphérique, contrairement à ce qui se fait aujourd'hui, assure-t-il. La situation provoque des tensions. Les internes de psychiatrie parisiens ont refusé de choisir leur futur terrain de stage, jeudi dernier, étant « excédés par un éventail de choix de postes quantitativement et qualitativement restreint ».
Opposé depuis plusieurs mois à la mise en place de la réforme dès cette rentrée universitaire, Olivier Le Pennetier regrette que « des mesures de transition pour éviter ce problème n'aient pas été proposées ».
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