C’est un projet de télésurveillance médicale unique et d’une ampleur inédite que pilote le Pr Thierry Dantoine, chef du service de médecine gériatrique du CHU de Limoges (Haute-Vienne). Son originalité ? Associer des professionnels hospitaliers et libéraux autour d’un programme de maintien à domicile sollicitant une batterie d’objets de santé connectés : pèse-personne, thermomètre, oxymètre, tensiomètre et glucomètre. Son nom ? Ic@re.
L’équipe du Pr Dantoine est chargée d’évaluer sur douze mois l’efficacité de la télésurveillance à domicile sur 536 patients volontaires du Limousin et du Loir-et-Cher, âgés de plus de 65 ans, souffrant d’au moins deux pathologiques chroniques (diabète, insuffisance cardiaque, rénale ou respiratoire, etc.) et ayant été hospitalisés au cours de l’année écoulée.
À des fins de comparaison, une moitié de la cohorte est suivie par le binôme traditionnel médecin traitant/infirmière libérale, l’autre moitié voit son domicile équipé d’objets de santé connectés (pour le suivi régulier et la transmission des constantes en temps réel). Dans ce territoire rural à la population vieillissante, où les médecins libéraux se font rares, l’objectif est aussi de favoriser le maintien à domicile dans des conditions sécurisées, d’éviter des décompensations et des hospitalisations ou ré-hospitalisations coûteuses. En 2011, le Pr Dantoine notait déjà qu’après admission dans son service, un patient sur deux était réhospitalisé sous douze mois.
La question de la juste rémunération
Le fonctionnement est assez simple. Lorsqu’une donnée enregistrée par un objet connecté sort de l’ordinaire, une alerte est envoyée par email à l’équipe de soins (médecin traitant, infirmière libérale et gériatre du CHU) qui partage un égal accès au dossier du patient. Le médecin traitant décide que faire de l’information.
Soutenu financièrement par le gouvernement dans le cadre des investissements d’avenir, cette étude d’un coût de 1,2 million d’euros inclut à ce jour 212 patients et mobilise quelque 70 infirmières et 50 médecins généralistes. « Les médecins étaient un peu réticents face à une collaboration public-privé au domicile du patient, admet le Pr Dantoine. Avant de comprendre que la lecture rapide des données recueillies peut faire gagner de précieuses minutes de consultation ou de visite, ils craignaient de perdre leur temps. Au final, un seul a refusé de jouer le jeu. Tous ont compris que cette expérience a aussi le mérite de soulever la question d’une juste rémunération pour la télésurveillance médicale. »
Le recrutement des patients d’Ic@re prendra fin cet été. Les premiers résultats sont attendus en septembre 2016.
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