Le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes, biologistes et pharmaciens des hôpitaux publics (SNAM-HP) et la Coordination médicale hospitalière (CMH), deux syndicats mobilisés dans les négociations sur la revalorisation des carrières et des rémunérations des praticiens hospitaliers (PH), ont dénoncé ce mercredi le « manque d'attractivité » qui pénalise les 4 300 PU-PH, statut mixte entre l'hôpital et l'université.
Plusieurs revendications ont été avancées. Comme d'autres centrales, les deux organisations réclament l'« augmentation de 30 % » du traitement des PU-PH, au même titre que celui des 44 000 PH.
L'épine de la protection sociale
Surtout, ils remettent au goût du jour une ancienne doléance sur la retraite des hospitalo-universitaires : l'alignement des cotisations pour la part hospitalière de leurs émoluments. De fait, en raison de leur double appartenance, les PU-PH sont bénéficiaires d'un traitement de la fonction publique d'une part et d'autre part des émoluments versés par le CHU d'appartenance. Mais les cotisations sociales ne sont acquittées que sur la part universitaire. En l’absence de prélèvement sur les émoluments, les PU-PH n’acquièrent aucun droit à retraite au titre de leur activité hospitalière. Pour le Pr Sadek Beloucif, président du SNAM-HP, « ce n'est pas normal qu'un PU-PH partant à la retraite gagne moitié moins qu'un PH ».
Le chef de service d'anesthésie-réanimation d'Avicenne (Bobigny, AP-HP) estime que cette fragilité statutaire contribue au manque d'attractivité de l'hôpital public et à l'hémorragie vers le privé. De fait, entre 2013 et 2018, l’effectif global des PU-PH a fondu de 6,3 %, constate le Centre national de gestion (CNG). « L'hôpital n'est pas en état de rivaliser avec le privé, capable d'offrir une augmentation de 300 % à des chefs de clinique », résume le Pr Beloucif. « Les cliniques recrutent en multipliant les salaires de deux à six fois alors que les rémunérations stagnent à l'hôpital public depuis 2002 et qu'on constate une perte de pouvoir d'achat de 30 % », enchérit le Dr Rémy Couderc, secrétaire national de la CMH.
Il faudra « injecter de l'argent, beaucoup d'argent » pour attirer des médecins
Pour le Dr Norbert Skurnik, président de la CMH, il n'y a pas de secret : il faudra « injecter de l'argent, beaucoup d'argent » pour redorer le blason de l'hôpital public. « Ré-attirer les médecins réclame des mesures salariales sérieuses, conclut-il. Arrêtons d'être rats. Il faut aussi rouvrir des lits ! Cela ne veut pas dire davantage de matelas, cela veut dire davantage de personnels, de médecins et de matériel. Pour l'instant, au Ségur, on nous balade. Assez de toutes ces paroles, nous voulons des chiffres !»
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