Déjà fragile, le rapport de force entre les syndicats de personnels et la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) sur la réforme de l’organisation du temps de travail des personnels non-médecins s’est franchement durci cette semaine, alors que les agents se mobilisent une nouvelle fois ce jeudi à 11 heures devant le siège du groupe, à Paris.
Mardi, les organisations syndicales (USAP-CGT, Sud, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, UNSA) ont claqué la porte de Martin Hirsch dix minutes après le début d’une réunion que le directeur général avait organisée au lendemain de la forte grève de jeudi dernier (34 % des agents mobilisés selon la direction, 50 % selon les syndicats), afin de poser de nouveaux jalons au dialogue et déminer un conflit social d’envergure latent.
38 établissements et 75 000 personnels non-médecins sont concernés par cette réforme emblématique des 35 heures, qui pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2016 et, aux dires de l’AP-HP, éviter la suppression de plus de 4 000 emplois d’ici quatre ans.
Martin Hirsch avait dans l’idée de renouer le dialogue. Dans une tentative d’apaisement, le directeur comptait insister sur les améliorations des conditions de travail que pouvaient apporter la réforme (déprécarisation des personnels, logement, garantie des jours posés, prévention de l’absentéisme et du burn out, etc.). Pas question de reparler de l’objectif affiché voilà quelques semaines de gagner « par une autre organisation du travail au moins 20 millions d’euros par an », annonce qui avait provoqué une levée de boucliers.
Amplifier le rapport de force
Mais le changement de braquet de la direction de l’AP-HP n’a pas convaincu les organisations syndicales, qui attendaient le « retrait pur et simple » du projet de réorganisation et dénoncent aujourd’hui le « double langage » de Martin Hirsch.
« Le directeur général est resté figé sur sa position, commente Rose-May Rousseau (USAP-CGT). Non seulement son projet est déjà en train de se mettre en place dans les établissements, mais en plus il a confirmé aux médecins sa volonté d’adapter les organisations au plus près des activités médicales. »
Tous les syndicats appellent les personnels à « amplifier le rapport de force ». L’AP-HP a assuré que le dialogue n’était « pas complètement rompu ».
Distance du gouvernement
Cruciale, la réforme des 35 heures à l’AP-HP risque d’avoir un fort retentissement sur l’ensemble de la fonction publique hospitalière, pour qui l’application de la mesure soulève de grandes difficultés : cumul de RTT non prises (à l’AP-HP, le stock sur les comptes épargne temps est évalué à 74,7 millions d’euros fin 2014), manque de personnels, recours forcé à l’intérim.
Alors que le gouvernement réclame aux établissements trois milliards d’euros d’économies d’ici à 2017, la moitié des hôpitaux a déjà dû renégocier le temps de travail de ses personnels pour faire face aux contraintes budgétaires.
Si la Fédération hospitalière de France (FHF) a clairement marqué son « soutien » au directeur de l’AP-HP, les pouvoirs publics ont préféré prendre leur distance sur ce dossier ultrasensible. Dimanche, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement et médecin, a assuré que les 35 heures devaient demeurer à l’hôpital et a appelé à un « dialogue de confiance » à l’AP-HP. Quelques jours plus tôt, la ministre de la Santé Marisol Touraine rappelait également l’attachement du gouvernement aux 35 heures, « à l’hôpital comme ailleurs ».
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