Courrier des lecteurs

La crise des hôpitaux avec les déserts médicaux est loin d'être réglée

Publié le 22/05/2018
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Que va faire Dominique Le Guludec nommée présidente du collège de la Haute Autorité de santé qui doit piloter « la qualité et la pertinence des soins ? Les missions des autres agences de santé (ARS et GHT) sont inchangées et Martin Hirsch est resté à la tête de l’AP-HP. Cela n'augure rien de bon

La situation et les faits : Il n’est pas une semaine sans une annonce de conflit social dans un hôpital, sans un fait racontant un dysfonctionnement des EIG (Évènements indésirables graves) ou un suicide.

La situation économique et sociale dans les hôpitaux publics est en crise majeure. Les hôpitaux absorbent 40 % du budget pour 25 % des soins. Les déficits et la dette ont explosé : plus de 30Mds€. Pourtant des dizaines de milliers de lits ont fermé et des établissements, s’ils n’ont pas fermé, sont menacés de fermeture.

100 000 médecins travaillent dans nos hôpitaux mais 30 % de postes titulaires ne sont pas pourvus et 30 000 médecins qui ne sont pas issus de nos diplômes y travaillent.

Les raisons de la crise

La première raison de la crise tient à la T2A. La tarification à l’activité est le système le plus pervers et menteur qui ait été inventé. Ce système inflationniste entraîne de la fausse activité avec des ré-hospitalisations après ambulatoire.

Avec plus de 20 000 000 de passages aux urgences par an, ils sont submergés, conséquence de la fermeture de nombreuses cliniques et hôpitaux de proximité, avec les contraintes et la sous tarification des actes en libéral.

La crise tient aussi à l’encadrement à l’hôpital. Le nombre d’échelons augmente à chaque réforme. Au cours des dernières années, depuis 1992 au moins, les réformes de la politique de santé se sont enchaînées. Chaque réforme est venue s’ajouter à la précédente, les modes de direction de l’hôpital s’empilant sans s’annuler

Il y a aussi des problèmes spécifiques à l'AP-HP. Décrire la hiérarchie à l’AP-HP est une gageure : siège, 12 groupes hospitaliers (GH), hôpital, pôle, service, centre de responsabilité et unité de gestion… Le siège dirige 12 GH regroupant un ou plusieurs hôpitaux. Il y a donc un directeur de GH mais il existe toujours un directeur pour chaque hôpital (obligation légale). Depuis la création des pôles, dirigés par un trio composé d’un médecin assisté d’un cadre administratif (CAP) et d’un cadre paramédical (CPP), la hiérarchie se complique. Puisque le pôle dépend directement du directeur de GH, mais le CAP et le CPP dépendant fonctionnellement du chef de pôle, sont rattachés respectivement à la direction des finances et de la direction des soins. Or, les services d’un pôle dépendent, eux, de l’hôpital dans lequel ils se trouvent…

Fait rare, les praticiens s’étaient joint au reste du personnel hospitalier pour dénoncer, à l’occasion de la grève des fonctionnaires, la dégradation de leurs conditions de travail. La France forme les médecins de demain, non plus pour soigner mais pour servir le système économique. Un bon médecin est devenu celui qui code bien ; ce n’est plus le médecin humaniste et proche de ses patients.

Comment résoudre cette situation ? Deux thèses s’affrontent : concentration pour Guy Vallancien ou réseaux dispersés et proximité pour Pelloux. Les solutions sont plus complexes.

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Dr Bernard Kron, Chirurgien Paris

Source : Le Quotidien du médecin: 9665