Le marché de l’emploi médical temporaire à l’hôpital conduit à de multiples dérives. L’ardoise s’élève à un demi milliard d’euros par an. Près de 6 000 médecins enchaîneraient les missions courtes et lucratives : environ 650 euros la journée, 1 300 euros la garde. En intégrant diverses indemnités, un intérimaire coûte trois fois plus cher qu’un praticien titulaire.
Le député Olivier Véran, auteur d’un rapport sur la question, propose de plafonner les revenus offerts aux professionnels de la médecine ambulante (remplaçants, contractuels, intérimaires, mercenaires...). De là à conseiller de mieux payer de façon ciblée les anesthésistes, les radiologues et les urgentistes, il y a un pas, qu’Olivier Véran ne franchit pas. « Ce n’est pas parce que la convention a créé des inégalités de rémunération entre spécialités qu’il faut les introduire à l’hôpital », réagit-il.
Le temps partiel envisagé comme une mesure attractive
Le premier CHU de France (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a déployé un plan d’action maison afin de combler sa soixantaine de postes vacants en anesthésie. « Cela reste extrêmement tendu car nos concurrents payent le double », constate le Pr Loïc Capron. Le président de la Commission médicale d’établissement (CME) de l’AP-HP estime que la publication de postes de PH à temps partiel peut être une solution, ce qui laisserait aux anesthésistes la liberté de vendre leurs services ailleurs le reste du temps. Le coup de pouce financier consenti pour attirer les anciens chefs de clinique, embauchés au 4e échelon de PH plus 10 %, « ne suffit pas vu le tarif proposé en face », observe le Pr Capron.
« Aujourd’hui, on est parfois très loin du tact et de la mesure, note Édouard Couty, président de la Fédération hospitalière de France en Rhône-Alpes (région où seul un hôpital ferait exception en refusant la surenchère salariale). Bien souvent, les directeurs d’hôpital n’ont hélas pas trop d’autre choix. Pour s’extraire de cette situation, il faut encadrer les tarifs, et inciter les hôpitaux à coopérer plutôt qu’à se faire concurrence, en créant des gardes partagées sur un même territoire, par exemple ».
Investissement en santé : malgré l’urgence, pourquoi ça coince encore
Suicides de soignants à l’hôpital : Vautrin, Borne et Neuder visés par une plainte, ainsi que l’AP-HP
Opacité tarifaire, pratiques commerciales trompeuses… Les cliniques rappelées à l’ordre par Bercy
Vers un moratoire sur les fermetures des maternités ? Les obstétriciens du Syngof disent non