Le Dr Gérald Kierzek a sans doute protesté trop fort contre la fermeture programmée des urgences de l’Hôtel-Dieu, où il exerce. Le voilà démis de ses fonctions de responsable du SMUR. Son chef de service l’a prévenu par écrit. Il invoque divers motifs : non-respect des obligations de réserve, de loyauté et de discrétion professionnelle, dénigrement et mise en cause du chef de service...
La nouvelle a choqué les organisations syndicales. « À l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, c’est tais-toi et bosse! », s’insurge la CGT santé, qui regrette que le Dr Gérald Kierzek serve de « bouc émissaire ». Le principal intéressé conserve ses fonctions de praticien hospitalier. Il entend bien rester urgentiste à l’Hôtel-Dieu jusqu’au bout. « La seule chose qui compte, c’est le code de déontologie médicale, réagit-il à chaud. Si je pense que ce projet [de fermeture des urgences et de nouvel Hôtel-Dieu sans lit ni chirurgie] est mauvais, il faut que je le dise. »
La balle dans le camp des politiques
Gérald Kierzek rapproche son cas de la démission du Dr Pierre Taboulet, l’ancien chef des urgences de l’hôpital Saint-Louis. « Il y a un gros problème à l’AP-HP. Soit on pousse les gens à la démission, soit on les démissionne. L’AP-HP veut des moutons. Pourtant le CTE [comité technique d’établissement] et le CHSCT central disent stop au projet de nouvel Hôtel-Dieu et demandent un moratoire. Je ne suis pas seul à protester. »
À l’approche des municipales, les élus locaux vont devoir se positionner clairement. Une élue du Front de gauche a déposé un vœu contre la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu, que le Conseil de Paris examinera aujourd’hui ou demain. Le 11 juillet, la commission des affaires sociales du Sénat auditionnera tour à tour une délégation de l’Hôtel-Dieu (dont le Dr Kierzek) puis la directrice générale de l’AP-HP, Mireille Faugère, pour se faire son idée sur le projet d’« hôpital debout » conçu par l’administration. Trois sénatrices ont visité l’Hôtel-Dieu la semaine dernière, dont la présidente de la commission des affaires sociales, la communiste Annie David.
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